Le géant orange est en pleine mutation. Sous la houlette de Mario Irminger, patron du groupe Migros, l’enseigne opère la plus grande restructuration de son histoire. Autrefois florissante, elle peine à s’adapter à un environnement économique de plus en plus compétitif. Résultat: Migros taille dans le vif et se sépare de plusieurs de ses activités emblématiques, comme Hotelplan, Mibelle et certains magasins spécialisés.
Un film documentaire de la SRF, diffusé ce jeudi soir, revient sur le fonctionnement de Migros au fil des décennies et met en lumière les erreurs qui ont conduit aux difficultés financières de 2023. Avec une perte de 500 millions de francs, la SRF parle de «dispersion, inefficacité et mauvaise gestion». Parmi les coupables désignés de cette débâcle: Anton Gäumann, ex-patron de Migros Aare, dont une décision solitaire a conduit à un déficit de 100 millions de francs.
Méga-réfrigérateur pour 250 millions de francs
Le projet controversé en question? Un centre de distribution à Schönbühl (BE), inauguré en 2024 pour 250 millions de francs. Ce gigantesque entrepôt frigorifique devait approvisionner 170 magasins en produits frais tels que des fruits, des légumes, du lait, de la viande et du pain. Le nouveau bâtiment, un méga-réfrigérateur de tous les superlatifs, a un volume de 160'000 mètres cubes.
Mais Anton Gäumann a vu trop grand: persuadé que les coopératives de Bâle et Neuchâtel/Fribourg rejoindraient l’initiative, il a lancé le projet avant même d’obtenir leur accord. Mauvaise surprise: elles ont refusé de s’y associer pour préserver leur indépendance et leurs emplois.
Il s'avère aujourd'hui que le centre a été surdimensionné. Un tiers de l’installation est inutilisé. Un pari risqué qui s’est transformé en fiasco, et qui a coûté sa place à Anton Gäumann fin 2021, officiellement pour «conflit d’intérêts».
«Tout ne s'est pas déroulé de manière idéale»
«Si on avait essayé de trouver un accord avant la construction, trop de gens auraient eu leur mot à dire et cela aurait été pénible», explique un ancien cadre de Migros Aare à la SRF.
Guido Rast, chef de Migros Lucerne, déclare: «Tout ne s'est pas déroulé de manière idéale, car on a construit sans que les coopératives n'aient donné leur engagement.» Anton Gäumann n'a pas souhaité s'exprimer sur les faits. Migros n'a pas commenté les chiffres.