Une grande incertitude règne parmi les investisseurs après la faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank. L'action UBS a chuté de 12,9% en une semaine. Les deux grandes banques américaines ont aussi perdu des plumes: Morgan Stanley (à hauteur de de 8,4%) et Goldmann Sachs (8,24%). Le titre de Credit Suisse a été particulièrement touché, puisqu'il a chuté de 19,6%. Pourquoi une descente aussi marquée? Andreas Venditti, analyste à la banque Vontobel, répond aux questions de Blick.
Andreas Venditti, le secteur bancaire est-il sous la menace d'une crise généralisée?
Je ne le crois pas. Le gouvernement américain a déclaré une garantie d'État pour les fonds des clients de la Silicon Valley Bank. Mais je me serais attendu à ce que l'opération de sauvetage rassure davantage les marchés.
Credit Suisse a été particulièrement touchée. Lundi, son action est tombée temporairement à 2,14 francs. Jusqu'où cela pourrait-il encore aller?
Credit Suisse est déjà en difficulté par rapport à d'autres banques. Si un établissement rencontre des difficultés, les investisseurs regardent quelles autres banques pourraient être touchées. En raison de sa situation déjà tendue, les fluctuations de cours sont plus fortes pour Credit Suisse. Mais ce qui est déterminant dans de telles baisses, c'est l'importance du danger potentiel évalué par les clients. Dans quelle mesure la banque avec laquelle ils travaillent pourrait-elle être touchée?
Et dans quelle mesure Credit Suisse pourrait-elle être impactée par la faillite aux États-Unis?
La Silicon Valley Bank est un cas très particulier. Elle s'est spécialisée dans les affaires avec les start-ups et les investisseurs en capital-risque. Les banques suisses sont beaucoup plus diversifiées dans leurs activités. C'est pourquoi je ne pense pas que la faillite de cette banque représente un danger immédiat pour Credit Suisse. Mais indirectement, elle devrait certainement remarquer que le goût du risque va continuer à diminuer chez les investisseurs.
Credit Suisse se trouve au milieu d'une grande restructuration. Les difficultés du système bancaire vont-t-elles lui attirer de nouveaux problèmes?
Cela n'a pas de conséquences directes. Mais indirectement, bien sûr, oui. Certains économistes s'attendent maintenant à ce que la Banque centrale américaine renonce temporairement à de nouvelles hausses de taux. Si les taux ne continuent pas à augmenter comme prévu, les perspectives de rendement pour le secteur bancaire se détérioreront. Credit Suisse devrait alors aussi s'attendre à une baisse de ses revenus.
Combien de temps les turbulences sur les marchés des actions devraient-elles durer?
C'est difficile à dire. Les actions bancaires européennes avaient fortement augmenté depuis l'automne dernier. De nombreux investisseurs devraient désormais avoir réalisé leurs bénéfices. La garantie du gouvernement américain devrait toutefois aider les actions bancaires à se stabiliser dans un avenir proche. De manière générale, les établissements solides et bien capitalisés devraient en sortir gagnants.