Un couple d'amoureux – composé d'Ahmad L.*, un Allemand d'origine afghane, et de Katja K.*, une jeune Polonaise – est derrière les barreaux pour un meurtre présumé dans les Alpes valaisannes. Celui d'un Afghan de 24 ans, tué au couteau en été 2023 à Haute-Nendaz.
Le couple aurait fait le voyage d'Allemagne vers la Suisse spécialement pour commettre son crime. De nouveaux éléments de l'enquête révèlent aujourd'hui le déroulé de leur expédition meurtrière.
Un crime diabolique et orchestré
Alors que Katja K. est en détention préventive à Sion, Ahmad L. est jugé à Braunschweig, en Allemagne. C'est là qu'ils ont été arrêtés au début de l'année. Katja K. a ensuite été expulsée vers la Suisse, tandis que l'Allemand d'origine afghane doit répondre de ses actes présumés en Allemagne.
«Nous avons déposé plainte contre Ahmad L.», confirme Christian Wolters, procureur général à Braunschweig. Les accusations portées contre lui sont extrêmement graves. Mais l'enquête menée par les autorités allemandes ne présente pas non plus la victime sous son meilleur jour. En effet, celle-ci aurait vraisemblablement tué le père d'Ahmad L. en 2022! «L'accusé a donc décidé, avec sa sœur vivant au Pakistan, de venger la mort de leur papa», affirme le procureur.
Selon l'accusation, la sœur d'Ahmad L. a commencé à rechercher la victime sur les réseaux sociaux pour se venger. Après l'avoir localisée aux environs de mai 2023 dans le centre d'asile de Haute-Nendaz, elle a pris contact avec le jeune Afghan sous l'identité «Nilufar» et a commencé à nouer une relation amoureuse avec lui. Le piège n'attendait plus que de se refermer...
«Tu as assassiné mon père, espèce de salaud!»
Le 12 juin, la mise en œuvre du plan diabolique commence alors: Ahmad L., qui s'était procuré un couteau de combat, et Katja K. quittent Braunschweig en voiture, direction la Suisse. Arrivés à Haute-Nendaz, les deux individus font des repérages et définissent le lieu de la tentative d'assassinat. La victime est ensuite attirée sur le lieu du crime pour rencontrer la fameuse «Nilufar».
Mais vers 18h55, la victime se rend compte qu'elle ne rencontrera jamais sa bien-aimée: Ahmad L. sort de sa cachette et après un bref échange avec la victime, sort le couteau caché de sa veste et crie: «Tu sais qui je suis? Tu as assassiné mon père, espèce de salaud!» La victime est alors poignardée en pleine poitrine.
Le jeune Afghan n'est toutefois pas mort sur le coup. Il a réussi à s'enfuir, puis a dévalé une petite pente jusqu'à un parking où était garée Katja K. Il s'est ensuite effondré face contre terre, en saignant abondamment.
Ahmad L. a laissé le téléphone portable de sa victime sur place, avant de prendre la fuite. Il s'est également débarrassé de sa veste tachée de sang et du couteau dans un bâtiment proche. Ce n'est qu'un peu plus tard que la victime, morte sur place une demi-heure après l'attaque, a été retrouvée par un passant.
Les deux accusés attendent leur jugement
À partir de la mi-juillet, Ahmad L. devra répondre de ses actes devant le tribunal régional de Brunswick. Il bénéficie de la présomption d'innocence.
Les autorités valaisannes ont également émis un mandat d'arrêt pour meurtre à l'encontre de Katja K. On ne sait toutefois pas dans quelle mesure elle était au courant des intentions de son compagnon de l'époque. Son beau-père la considère de son côté comme une victime d'Ahmad L: «Ma belle-fille n'avait aucune idée que son ami voulait tuer quelqu'un», a indiqué Stefan I.*, qui exige que la jeune femme soit libérée.
Contacté, l'avocat commis d'office de Katja K. n'a pas souhaité s'exprimer sur l'état de la procédure contre sa cliente. Cette dernière bénéficie également de la présomption d'innocence, tout comme un troisième suspect qui aurait également participé au meurtre.
*Les noms ont été modifiés