Les hôpitaux suisses ont mal à leurs finances. «Les tarifs actuels ne couvrent pas les coûts», a déclaré cette semaine Anne-Geneviève Bütikofer, directrice de l'association des hôpitaux H+, dans les colonnes de Blick. Conséquence: de nombreux établissements enregistrent des pertes, certains doivent même supprimer des postes.
Côté dépenses, la forte augmentation des coûts salariaux est un problème majeur. Les chiffres de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) le montrent: entre 2012 et 2021, les charges du personnel hospitalier ont augmenté d'un tiers, passant de 15,7 à 20,7 milliards de francs.
L'administration pèse lourd
Mais les moyens supplémentaires sont loin d'être uniquement consacrés à davantage de médecins, de personnel soignant et de physiothérapeutes, comme le montre une analyse de Blick. Les rapports annuels des différents hôpitaux montrent au contraire que c'est le coût du personnel administratif qui pèse lourd dans la balance. Par rapport à l'année pré-pandémie de 2019, les charges salariales de l'administration ont disproportionnellement augmenté dans de nombreux établissements hospitaliers.
A l'hôpital cantonal de Saint-Gall, par exemple, les charges salariales ont augmenté de 7,6% au total entre 2019 et 2022. Les coûts liés au personnel administratif ont augmenté de 29%. L'administration a donc enregistré une plus grande augmentation des coûts que le corps médical et le personnel soignant.
«Importants projets structurels»
Un porte-parole explique «en grande partie» cette augmentation par «d'importants projets structurels», comme l'introduction d'un nouveau système informatique à l'échelle du canton. «Cela a entraîné un surcroît de travail, notamment dans le domaine de l'informatique, ainsi que dans le développement du personnel et de l'entreprise.»
Même son de cloche à Berne. L'augmentation des charges administratives s'explique principalement par «un besoin accru en personnel en raison de grands projets pluriannuels, comme l'introduction du nouveau système informatique de gestion de la clinique en mars 2024», explique un porte-parole du groupe Insel.
Rénovation et numérisation
Chez les Bernois, les charges salariales de l'administration se sont élevées à 157,7 millions de francs en 2022, soit 12,7% de plus qu'en 2019. A titre de comparaison, les charges du personnel soignant n'ont augmenté que de 3,7% sur la même période.
A l'hôpital universitaire de Zurich, les charges administratives ont également pris l'ascenseur. La faute, encore une fois, à des restructurations: «L'hôpital se trouve dans une phase de rénovation complète», justifie un porte-parole.
Cela ne concerne pas seulement le bâti, qui n'a pas été adapté en profondeur depuis les années 1970, mais aussi la nécessité d'investir dans la numérisation: «Cela implique la mise en place d'équipes complètes qui puissent planifier et réaliser de grands projets.»
En outre, l'hôpital zurichois cite les «contraintes administratives et légales» comme un facteur de croissance de l'administration. Un argument également avancé par la directrice de l'association des hôpitaux H+ Anne-Geneviève Bütikofer: «Le secteur de la santé, et plus particulièrement celui des hôpitaux et des cliniques, est un domaine fortement réglementé.»
Cadre légal coûteux
Les établissements hospitaliers doivent non seulement répondre à des exigences fédérales, comme l'introduction du dossier électronique du patient, mais sont aussi soumis à des législations cantonales.
«Les contextes régionaux sont très complexes et nécessitent des connaissances approfondies», relève Anne-Geneviève Bütikofer. Cela entraîne, selon elle, des dépenses de personnel plus importantes. «Or, ces tâches supplémentaires ne sont pas compensées financièrement, ce qui complique encore la situation des hôpitaux.»
«Investissements considérables»
Pour la directrice de H+, les hôpitaux font «de gros efforts» pour rendre leur propre administration aussi efficace que possible. «Mais pour cela aussi, des investissements considérables, notamment dans l'infrastructure informatique, sont d'abord nécessaires.»
Il s'écoulera donc des années pendant lesquelles les hôpitaux devront puiser dans leurs réserves, avant que leurs investissements soient rentabilisés.