Le Conseil fédéral traine les pieds
Les soignants critiquent la mise en œuvre de l'initiative sur les soins

Un peu plus de deux ans après le oui à l'initiative sur les soins, la désillusion règne dans la branche. Le Conseil fédéral est accusé de traîner les pieds et de ne pas mettre en œuvre correctement l'initiative populaire. Des parlementaires font pression à Berne.
Publié: 03.01.2024 à 19:01 heures
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Dernière mise à jour: 03.01.2024 à 20:24 heures
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Le conseiller national vert'libéral et spécialiste des soins Patrick Hässig reproche au Conseil fédéral de ne pas mettre en œuvre correctement l'initiative sur les soins.
Photo: Zvg
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Lea Hartmann

Une amélioration de la formation, de meilleures conditions de travail et plus d'autonomie: les infirmières et infirmiers des hôpitaux, ainsi que les services d'aide et de soins à domicile espéraient beaucoup de l'initiative sur les soins infirmiers.

Avec une impressionnante proportion de oui (61%), les citoyens suisses ont apporté leur soutien à l'initiative il y a près de deux ans. Patrick Hässig se souvient encore très bien de ce dimanche de votation, fin novembre 2021. «C'était énorme, triomphe encore l'infirmier zurichois, membre des Vert'libéraux. Ce résultat a été reçu comme une délivrance.»

La branche accuse la Confédération de violer la Constitution

Depuis, Patrick Hässig siège au Conseil national. Et la joie a fait place à la désillusion. Dans un premier temps, le Parlement et le Conseil fédéral se sont attaqués à la formation et aux nouvelles règles de décompte pour le personnel soignant. Les changements devraient entrer en vigueur l'été prochain. Mais les projets du Conseil fédéral suscitent des remous parmi les principaux concernés.

L'association professionnelle des infirmières et infirmiers (ASI) accuse le gouvernement de violer la Constitution. Le projet du Département de l'intérieur est «absurde» et «inapplicable», a critiqué l'association lors de la consultation.

Les nouvelles règles de facturation prévues constituent la pomme de la discorde. L'initiative sur les soins infirmiers exige par exemple qu'une infirmière à domicile puisse désormais facturer certaines prestations directement aux caisses-maladie, sans passer par un médecin. Mais le Département de l'intérieur veut restreindre cette possibilité. Après un certain temps, il faudra à nouveau faire appel à un médecin. La Confédération veut en outre lier la facturation indépendante à des exigences strictes en matière d'expérience professionnelle.

Le Conseil fédéral doit mettre les bouchées doubles

Patrick Hässig est donc en colère. Le Zurichois reproche au Conseil fédéral de ne pas prendre au sérieux la mise en œuvre de l'initiative sur les soins. Il demande au gouvernement d'annoncer la couleur par voie d'intervention.

La nouvelle conseillère nationale PS soleuroise Farah Rumy fait également pression en déposant une intervention. Cette infirmière de formation travaille comme enseignante pour les futurs soignants. Elle reproche au Conseil fédéral de prendre trop de temps pour mettre en œuvre la deuxième partie de l'initiative sur les soins.

Bien que le temps presse face à la pénurie de soins, le gouvernement a défini les points clés pour l'amélioration des conditions de travail du personnel soignant plus d'un an après le oui du peuple. Ce rythme donne l'impression que le gouvernement «n'est pas assez conscient de l'urgence», critique Farah Rumy.

«Chaque mois est un mois de trop»

Il s'agit pourtant du cœur du problème, appuie Patrick Hässig. De nombreux soignants quittent la profession après quelques années seulement, en raison des conditions de travail délétères. Au printemps, les propositions concrètes visant à renforcer l'attractivité des professions de soins devraient être sur la table.

Patrick Hässig espère que les choses iront alors de l'avant. En tant que politicien, il peut comprendre que la mise en œuvre prenne du temps. «Mais pour moi, en tant que professionnel des soins, chaque mois de plus est un mois de trop.»

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