Le Conseil d'Etat genevois valide quatre féminisations de l'espace public, dont une en l'honneur de la prostituée Grisélidis Real. Depuis ce mercredi 4 décembre, la militante et artiste décédée en 2005 a une place à son nom dans le quartier des Pâquis. La notoriété de celle qui fut aussi écrivaine et peintre a dépassé les frontières suisses.
Grisélidis Real s'est notamment fait connaître pour son combat inlassable en faveur des droits des travailleuses du sexe. La Ville de Genève voulait depuis longtemps rendre hommage à cette femme en lui attribuant un nom de rue ou de place. Mais les emplacements sélectionnés par la Ville de Genève avaient tous été refusés, car ils impliquaient des changements d'adresse.
L'endroit déniché à l’angle de la rue Philippe-Plantamour et de la rue du Léman ne pose pas ce problème. Dans un communiqué de la Ville, le conseiller administratif en charge de l'égalité Alfonso Gomez décrit la «pionnière» comme l'une «des grandes figures genevoises du XXe siècle.» Il poursuit: «Son engagement pour défendre les droits des travailleurs et travailleuses du sexe est remarquable et nous rappelle que l’identité et la richesse de Genève reposent notamment sur sa diversité.»
Trois autres rues féminisées
«En 2020, seulement 7% des personnes ayant donné leur nom à une rue genevoise étaient des femmes, détaille le communiqué. Ce chiffre a doublé et atteindra 15% en 2025.» Pour aller dans le sens de l'égalité dans l'espace public, le Conseil d'Etat a validé trois autres propositions du Département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité.
Une partie de la rue François-Dussaud est renommée rue Lina-Stern, du nom d'une médecin et biochimiste, première femme à recevoir, en 1918, le titre de professeur à l'Université de Genève. Une nouvelle voie piétonne est baptisée Nora-Sylvere, du nom d'une comédienne de la compagnie Pitoëff, décédée en 1955. Enfin, dans le secteur de Rosemont, une nouvelle voie Elisabeth-De-Stoutz sera créée. Née et morte à Genève, elle est une peintre et écrivaine de la fin du XIXe siècle et du début du XXe.
La Ville de Genève annonce qu'elle «continuera à agir sur les représentations et les symboles et ainsi œuvrer pour augmenter la visibilité des femmes qui ont contribué au rayonnement de Genève, notamment dans les domaines scientifiques, artistiques, politiques et littéraires.»