Toni Reichen a mis en garde contre un mur bâclé
Il avait pressenti le glissement de terrain: aujourd’hui, tout le quartier est en danger

Dans la commune bernoise de Niederhünigen, la menace d’un glissement de terrain continue d’inquiéter. Malgré les déclarations rassurantes des autorités, les doutes persistent. Toni Reichen, riverain concerné, reste méfiant: pour lui, le danger est loin d’être écarté.
Publié: 24.04.2025 à 17:59 heures
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Toni Reichen est toujours inquiété par la construction (en arrière-plan) juste à côté de sa maison.
Photo: Gina Krückl
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Martin Meul

Toni Reichen a tout de suite senti que cela finirait mal. Le jour où les pelleteuses attaquent le flanc de la colline, juste au-dessus de sa ferme à Niederhünigen (BE), il comprend que le chantier va poser problème. A chaque pelletée de terre, la pente escarpée en lâche trois fois plus. Certes, le propriétaire de la ferme tire la sonnette d’alarme, mais personne ne l’écoute. Les responsables poursuivent comme si de rien n’était, et le projet immobilier «Lindengarten», en haut de la pente, voit le jour comme prévu. Aujourd’hui, Toni est amer: «Le travail a été bâclé, et la commune ferme les yeux.»

Il n’a pas fallu longtemps pour que les premiers dégâts apparaissent dans le voisinage : escaliers de travers, bornes déplacées, fissures dans les murs, lézardes sur la route, pierres qui s’écartent comme si la terre elle-même s’ouvrait. En été 2024, Blick avait déjà tiré la sonnette d’alarme. Depuis, le doute n’est plus permis: Toni avait raison. Mais ce sont les habitants qui vont probablement payer les pots cassés. Et si un glissement de terrain se produit, la compagnie d’assurance pourrait bien refuser d’indemniser qui que ce soit.

Une terre qui ne tient pas en place

Dans sa première lettre d’information de l’année, le président de la commune, Anton Schmutz, évoque brièvement le projet Lindengarten. Il y annonce que la procédure administrative est enfin close depuis janvier. On sent, entre les lignes, son soulagement. Il écrit: «Je profite de l'occasion pour remercier toutes les personnes concernées pour leur esprit de compromis et leur acceptation de la décision finale.»

C’est surtout grâce à Toni Reichen que cette décision a été prise. Une fois la construction terminée, une muraille de soutènement a bien été érigée pour stabiliser le terrain. Mais Toni ne s’est pas satisfait de cette mesure. Il porte plainte auprès de la police des constructions, exigeant un renforcement plus sérieux. La procédure s’est conclue en janvier avec un verdict en sa faveur: des améliorations sont nécessaires.

La commune impose des mesures

La décision officielle indique que «les mouvements de terrain ont en grande partie cessé», mais seulement «en grande partie». Autrement dit, le problème n’est pas complètement réglé. L’entreprise de construction devra renforcer l’ancrage de la muraille et réparer une fissure déjà apparue.

Enfin, le mur de soutènement doit être surveillé en permanence. Les habitants devront le vérifier régulièrement et prendre des photos. Un expert viendra chaque mois d’avril pour détecter d’éventuels mouvements. La constructrice paiera les frais jusqu’en 2028. Ensuite, ce sera aux propriétaires de s’en charger.

Pour la commune, ces mesures suffisent. Anton Schmutz conclut: «Espérons que la sécurité des habitants et de leurs biens soit assurée pour les décennies à venir.»

Des assurances pas vraiment rassurées

Mais Toni Reichen n’est pas tranquille. Il continue de penser que la pente, juste à côté de sa maison, reste une menace sérieuse. «Les doutes sont énormes. Mais on n’avait plus l’énergie de se battre encore», dit-il, expliquant pourquoi il a fini par accepter la décision administrative.

Et il n’est pas seul à douter. Blick a obtenu une lettre de l’Assurance immobilière Berne (AIB) concernant la situation à Niederhünigen. L'assurance, auprès de laquelle chaque bâtiment du canton est obligatoirement assuré, fait une déclaration explosive: «Après une inspection sur place, nous sommes inquiets et devons partir du principe que d'éventuels dommages aux bâtiments dus à un glissement ou à une pression de la pente ne bénéficieront d'aucune couverture au sens de l'assurance de base de l'Assurance immobilière Berne.»

Interrogée par Blick, l'Assurance immobilière ne veut pas s'exprimer en détail sur la déclaration faite, pour des raisons de protection des données. La porte-parole de l'AIB Linda Zampieri constate toutefois de manière générale que dans le canton de Berne, les dommages aux bâtiments causés par des glissements de terrain spontanés sont en principe assurés par l'assurance immobilière de base obligatoire. «Les dommages causés par des ouvrages de soutènement artificiels insuffisamment dimensionnés ne sont pas couverts par l'assurance de base obligatoire», précise Linda Zampieri. En d'autres termes: si un glissement de terrain se produit et que l'assurance constate que les mesures de sécurité étaient insuffisantes, l'assurance ne versera pas d'argent.

Toni Reichen et les autres propriétaires croisent donc les doigts pour que le pire n’arrive jamais. «Mais on ne peut pas s’empêcher d’avoir un mauvais pressentiment», confie Toni. «Surtout au printemps, quand les pluies diluviennes et les inondations sont fréquentes par ici.»

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