Simon Brandt compte revenir sur la scène politique à Genève, a appris Blick. Une première, depuis son arrestation en marge de «l’affaire» Pierre Maudet, qui avait poussé l’ex-député (législatif) et conseiller municipal, membre démissionnaire du Parti libéral-radical (PLR) genevois à se mettre en retrait.
Mais de toute évidence, de l’eau a coulé sous les ponts. En effet, Simon Brandt a pris la décision en ce début d’octobre 2024 de rejoindre le parti Libertés et Justice sociale (LJS), mouvement de son «mentor» Pierre Maudet. Une information confirmée au bout du fil par Simon Brandt lui-même. Le timing de son annonce n'a rien d'anodin, puisque celle-ci survient à quelques mois des élections municipales genevoises. Contacté, le comité directeur du parti confirme que le politicien a pris sa carte. Une communication officielle va suivre.
Pour rappel, en 2019, Pierre Maudet était accusé d’avoir menti sur la nature et le financement d’un voyage de 2015 à Abou Dabi. En parallèle, Simon Brandt, ancien vice-président du PLR Genève et allié de Maudet, avait été arrêté pour «violation du secret de fonction», dans le cadre de son activité professionnelle au Service d’analyse stratégique de la Police cantonale de Genève.
Dans ce contexte, Simon Brandt avait à son tour dénoncé une arrestation humiliante et illicite — accusation appuyée par une commission d’enquête parlementaire en 2023, comme nous l’écrivions alors. Après un long arrêt maladie, il avait finalement réintégré son poste au sein de la police. Désormais, Simon Brandt revient aussi aux côtés de Pierre Maudet. Sans rancune, ni amertume, nous assure-t-il. Interview.
Simon Brandt, c’est vous qui avez décidé de revenir en politique, au sein du parti LJS, ou est-ce qu’on est venu vous chercher?
Cela s’est fait naturellement. J’ai pris du temps pour me reconstruire, après les épreuves traversées ces cinq dernières années — qui ont laissé des traces. Mais mes convictions personnelles, proches de l’ancien Parti radical (ndlr: devenu le PLR après la fusion avec le Parti libéral), sont restées intactes, et ma passion pour la politique aussi. J’ai été approché par plusieurs partis, mais mon attachement à la défense des libertés, et au sens de la justice, ne pouvait que me porter chez LJS.
Ce retour marque donc un nouveau chapitre pour vous.
Oui, c’est aussi une façon de tourner la page, mais sans oublier l’épilogue, encore à venir. A la base, je voulais attendre que le Tribunal fédéral prenne une décision concernant ma plainte (ndlr: quant au traitement qu’il a reçu lors de son arrestation de décembre 2019), avant de revenir en politique, mais ça fait désormais deux ans et demi que j’attends. J’ai donc décidé d’avancer quoi qu’il en soit et d’entamer un nouveau chapitre en politique avec un mouvement d’essence radicale, et dont l’action porte sur des projets concrets pour Genève.
Vous dites que vous voulez passer à autre chose, mais alors pourquoi avoir choisi le parti de Pierre Maudet, avec qui vous avez clairement un lourd passif semé «d'affaires»?
Avec ses dix députés et ses récents succès parlementaires, on voit que le parti LJS va au-delà de la personne de son fondateur, avec qui nous avons d’abord dû solder certains points personnels, comme vous pouvez l’imaginer. Pour moi, je rejoins surtout le nouveau Parti radical — aile sociale et populaire, proche des gens, qui n’est plus du tout représentée par le PLR actuel. Le mot «radical» dans Parti libéral-radical n’est plus là que pour décorer. Pour preuve, le récent recours judiciaire sur la gratuité des Transports publics genevois (TPG) pour les jeunes et les seniors, une attaque frontale et mesquine contre la classe moyenne au moment où celle-ci croule sous les augmentations.
Et vous n’avez pas peur que votre présence nuise à l’image de Libertés et Justice sociale, car elle rappellerait à tout le monde «l'affaire» Maudet, à laquelle vous êtes aussi étroitement associé?
Comme de nombreuses personnes, les membres de Libertés et Justice sociale ont compris que j’ai été une victime collatérale, dans le cadre d’une «affaire» qui m’a complètement dépassé. Et dont je suis sorti totalement blanchi, d’ailleurs (ndlr: il était accusé de violation de secret de fonction). Et je maintiens que cette histoire est révélatrice du fonctionnement de notre système judiciaire… Dans tous les cas, ce qui m’importe aujourd’hui, c’est de mettre mon énergie et mon expérience au service de LJS.
Votre retour sur scène survient peu avant les élections municipales genevoises. Vous visez un siège en particulier?
Je vise surtout la reprise d’une aventure collective, avec des personnes pour la plupart nouvelles en politique, qui défendent des idées et des projets plutôt que de s’accrocher à des sièges ou à des postes. Je repars de la base, du terrain, avec l’envie de prendre part à une équipe soudée et positive, en vue des élections municipales du printemps prochain. Je serai donc en effet candidat LJS aux élections municipales, pour proposer et défendre un projet alternatif aux partis actuellement présents en ville. A savoir, un projet orienté sur la qualité de vie en ville, sur un accès facilité aux prestations publiques et sur le bon usage des deniers des citoyens.
Si vous êtes (ré)élu à la Ville de Genève sous la bannière de LJS, quel sera votre grand cheval de bataille?
L’amélioration du pouvoir d’achat des Genevois, un meilleur accès au service public, notamment en ce qui concerne la petite enfance. Et, dans l’immédiat, je compte m’opposer, avec LJS, au projet dispendieux et inutile de passerelle piétonne du Mont-Blanc, sur laquelle la population devra bientôt se prononcer.
Article écrit avec la collaboration de Lucie Fehlbaum et Léo Michoud