Simon Brandt Gate
«Le Procureur général de Genève doit démissionner!»

Après l'«affaire Brandt», dans laquelle le Procureur général de Genève Olivier Jornot est soupçonné d'avoir fait preuve d'abus d'autorité (entre autres), des politiciens demandent sa démission sur la chaîne télé locale «Léman Bleu».
Publié: 13.03.2023 à 20:22 heures
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Dernière mise à jour: 14.03.2023 à 14:04 heures
Sur la chaîne de télé locale «Léman Bleu», des politiciens genevois demandent la démission du Procureur général Olivier Jornot à la suite de l'«affaire Brandt». (Capture d'écran)
Photo: Capture
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

Qui veut la peau du Procureur général du canton de Genève? L'«affaire Brandt», où le Procureur Olivier Jornot est en cause, n'a pas fini d'éclabousser le bout du lac Léman. Une semaine après la publication de notre enquête, et d'un rapport parlementaire qui la corrobore, des députés de tous bords politiques demandent la démission du magistrat via le journal télévisé de la chaîne locale «Léman Bleu».

Pour rappel, le politicien PLR Simon Brandt, également employé administratif à la police de Genève (et, à l’époque, candidat à la mairie) avait fait l’objet d’une arrestation (trop) musclée le vendredi 13 décembre 2019, avec menottes et fouille intégrale. On le soupçonnait alors d’avoir fait fuiter des documents à la presse, et d'avoir consulté illicitement une main-courante — ce dont il a été blanchi.

Mais cette interpellation, ordonnée par le Procureur général (par ailleurs membre du PLR) en pleine «affaire Maudet», continue d’inquiéter et de questionner. L'on accuse notamment le pouvoir judiciaire d'une opération clairement disproportionnée, et d'un abus d'autorité.

À droite comme à gauche, cette «affaire» en choque plus d'un. Lundi soir, des politiques se sont exprimés sur ce dossier face aux caméras de «Léman Bleu». Leur constat commun? Il y a un problème avec le pouvoir judiciaire genevois. Surtout au niveau de l'impartialité et de la proportionnalité.

Une République bananière?

Au Centre de l'échiquier politique, cette histoire a fait perdre son esprit consensuel à Sébastien Desfayes, qui affirme face à la caméra: «Je ne pense pas que c'était justifié d'arrêter Simon Brandt avec tambour et trompettes. Les conditions de son arrestation me choquent.»

À gauche, le député Socialiste Youniss Mussa embraie: «J'ai l'impression que nous sommes dans une République bananière, où le Procureur général bafoue plusieurs principes de droit élémentaires. On voit qu'il y a clairement eu un abus d'autorité.»

À noter que le «cas Simon Brandt» a été très médiatisé, car le lésé est une personnalité publique. Mais combien y a-t-il eu d'autres dérives jamais dénoncées, niveau arrestations à Genève? C'est la question que se pose la députée Verte Dilara Bayrak. «Que se passe-t-il pour les grévistes du climat, les activistes, les féministes qui disent avoir subi des violences de la part de la police et qu'on n'écoute pas, ou qu'on ne prend pas au sérieux?», se demande-t-elle.

Et l'écologiste d'ajouter: «Ça ébranle la confiance en les institutions. Il faut prendre des mesures.»

«Il doit démissionner!»

Même à droite, les réactions n'ont pas tardé. Le député MCG Patrick Dimier voit clairement de l'ingérence de nature politique dans cette histoire. Il entonne à l'antenne: «Le témoignage de Simon Brandt m'a glacé! C'est une guerre politique à l'intérieur de la même famille», à savoir le PLR — dans le contexte de l'«affaire» Maudet.

Les conditions sont-elles aujourd'hui réunies pour que le Procureur général continue son travail au Ministère public, se demande le journaliste Jérémy Seydoux. L'élu de droite rétorque: «Je me réfère aux lois qui sont en place. Et la loi dit que, pour pouvoir accéder à la magistrature, il y a une condition: c'est d'être de bonne réputation. Et là, manifestement, les faits montrent que cette réputation est entachée. Pour moi, la solution est simple: il doit démissionner. Quitte à se représenter à sa propre succession par la suite.»

Du côté du PLR cependant, c'est un autre son de cloche. Le chef de groupe du grand parti bleu à Genève, Yvan Zweifel, dénonce une «manœuvre électoraliste». Il affirme: «À ce jour, la justice s'est prononcée. Elle a clairement dit que le procureur n'avait rien fait d'illégal. Il y a un recours (ndlr: de la part de Simon Brandt au Tribunal fédéral), qui est toujours pendant. Attendons de savoir ce qui va arriver avec ce recours. En attendant, les députés ne sont pas juges, et ne sont pas là pour faire justice.»

Un procureur externe à l'avenir

Une chose est certaine: l'«affaire Brandt» aura achevé de mettre en lumière un certain nombre de dysfonctionnements et de consanguinités au sein du pouvoir judiciaire genevois. À l'image de l'affaire des écoutes téléphoniques illégales.

Mais les lignes (et les politiques) bougent: pas seulement à la télé, mais aussi au Grand Conseil. Un projet de loi qui permettra, par exemple, de nommer des procureurs externes au canton lors de «circonstances particulières» a été accepté (dans sa version définitive) par le parlement genevois jeudi dernier. La mesure, portée par le MCG depuis mai 2022, entrera en vigueur en 2026.

Ce texte devrait notamment permettre d'éviter que d'autres «affaires» semblables à celle de Simon Brandt — où l'intégrité du Procureur général de Genève est mise en cause — ne se reproduisent.

Car la nouvelle loi garantit une plus grande indépendance du procureur en charge d'une affaire sensible, qui n'aurait alors (à priori) pas d'attaches politiques ou personnelles dans le canton. Son impartialité serait ainsi davantage garantie.

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