Le vent est en train de tourner sur le front du Covid. Après que le Conseil fédéral a demandé aux cantons leurs recommandations en matière d’assouplissement de mesures anti-Covid, la grande majorité d’entre eux prône un retour à la normale marqué. La seule mesure qui semble se détacher du lot? Le masque.
Une majorité des cantons plaide pour que le masque soit encore porté un certain temps lors des visites à l’hôpital et dans les transports publics, à l’inverse du bureau, du cinéma, des centres commerciaux ou des administrations publiques.
Les personnes à risque toujours concernées
De nombreuses personnes se réjouissent de cette perspective. Mais d’autres s’inquiètent. Il s’agit notamment des personnes à risque, particulièrement fragiles en raison de leur âge ou de maladies préexistantes. Pour eux, le masque est un gage supplémentaire de sécurité.
Un groupe d’intérêt s’est formé ces dernières semaines. Il critique le fait que l’assouplissement des mesures signifie pour, les eux-mêmes et leurs proches, de devoir se protéger encore plus strictement qu’avant. Et se présentent comme les «perdants de la pandémie».
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Système immunitaire déficient
Parmi les personnes à risque, on trouve par exemple les personnes atteintes de cancer. Une partie des plus de 40’000 personnes qui développent un cancer chaque année en Suisse réagissent moins bien au vaccin contre le Covid, en raison de leur système immunitaire déficient (immunosuppression). Leur corps ne peut pas constituer de protection suffisante, explique Stefanie de Borba, porte-parole de la Ligue contre le cancer.
Ces personnes sont donc «tributaires du fait que leur entourage soit vacciné» et ont besoin de la part de celui-ci que certaines mesures de protection, comme le port du masque, «soient encore respectées tant que le nombre de cas est aussi élevé», poursuit-elle. «Le cas échéant, il sera très difficile pour elles de se protéger efficacement contre une contamination, malgré toutes les précautions prises.»
L’association Pro Senectute appelle également à la prudence. L’obligation de porter un masque devrait être maintenue dans certains espaces publics, afin de réduire le risque de contagion «de manière raisonnable», déclare son porte-parole Peter Burri Follath. Daniel Höchli, directeur de la fédération Artiset, qui s’engage pour les intérêts des personnes nécessitant un soutien, comme les résidents de maisons de retraite, demande également que le port du masque reste obligatoire dans les établissements de santé, les transports publics et le commerce de détail.
«Un impératif d’humanité»
Ils reçoivent le soutien de la communauté scientifique. La virologue Isabella Eckerle, de l’hôpital universitaire de Genève, estime qu’il est absolument nécessaire de ne pas lever trop rapidement l’obligation du port du masque. Elle rappelle également que les risques de Covid long sont toujours présents.
Quant à l’entourage des personnes à risque, il lui est aussi conseillé de porter un masque. «La protection est 20 à 200 fois plus efficace si l’entourage des personnes concernées porte le masque», explique Urs Karrer, vice-président de la Task force Covid, dans une interview accordée à «CH Media». Il estime que «c’est un impératif d’humanité de continuer à protéger ces personnes le mieux possible».
(Adaptation par Alexandre Cudré)