Synthèse du vendredi
Combats dans Kiev, l'OTAN se prépare à toute éventualité

Des combats se déroulaient vendredi à Kiev, au deuxième jour d'une invasion de l'Ukraine déclenchée par Vladimir Poutine, qui a appelé l'armée de ce pays à prendre le pouvoir, tandis que l'Otan se préparait à réagir à toute éventualité.
Publié: 25.02.2022 à 22:44 heures
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Dernière mise à jour: 26.02.2022 à 12:18 heures
Les forces ukrainiennes paraissaient décidées à affronter les troupes russes, dont de premières unités sont entrées vendredi dans le nord de Kiev, y faisant des morts.
Photo: Anadolu Agency via Getty Images

Des combats se déroulaient vendredi à Kiev, au deuxième jour d'une invasion de l'Ukraine déclenchée par Vladimir Poutine, qui a appelé l'armée de ce pays à prendre le pouvoir, tandis que l'Otan se préparait à réagir à toute éventualité.

Conséquence de ce conflit qui pourrait être le plus grave en Europe depuis 1945, quelque 100'000 personnes ont déjà été déplacées et 50'000 ont quitté le territoire ukrainien, a déploré l'ONU, qui a réclamé un «accès sans entrave» pour l'aide humanitaire.

L'Alliance atlantique a pour sa part commencé à déployer des éléments de sa force de réaction pour être en mesure de rapidement faire face à toute éventualité. «Les forces ukrainiennes se battent courageusement et sont en mesure d'infliger des dommages aux forces russes qui les envahissent», a affirmé son secrétaire général Jens Stoltenberg.

Dans le même temps, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit avoir discuté avec son homologue américain Joe Biden d'un «renforcement des sanctions» et d'une «aide concrète à la défense», tandis l'Union européenne faisait savoir que Vladimir Poutine lui-même et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov figuraient sur la liste des personnes qu'elle sanctionnait.

Une mesure que le Royaume-Uni s'apprêtait aussi à prendre, «de manière imminente». «Toute guerre laisse le monde pire que dans l'état où elle l'a trouvé. La guerre est toujours un échec de la politique et de l'humanité, une capitulation honteuse, une déroute devant les forces du mal», a de son côté dénoncé le pape François dans un tweet traduit en plusieurs langues, dont le russe, un fait rarissime.

Poutine appelle l'armée ukrainienne au putsch

Malgré cela, le maître du Kremlin semblait résolu à poursuivre son offensive. Et obtenir un changement de régime en Ukraine, qualifiant vendredi les membres de l'équipe du chef de l'Etat ukrainien de «drogués» et de «néonazis».

«Prenez le pouvoir entre vos mains!», a-t-il lancé à l'adresse des militaires ukrainiens. «Il me semble qu'il sera plus facile de négocier entre vous et moi», a-t-il ajouté.

En signe de défi, Volodymyr Zelenski a diffusé sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle il apparaît dans la rue, affirmant être toujours à Kiev et déterminé à «défendre» l'Ukraine. Auparavant, le chef de la diplomatie russe avait appelé à une reddition de l'armée ukrainienne, condition préalable à des «négociations».

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov assurait quant à lui que Vladimir Poutine était prêt à envoyer une délégation à Minsk, la capitale du Belarus, «pour des négociations avec une délégation ukrainienne».

Mais les forces ukrainiennes paraissaient décidées à affronter les troupes russes, dont de premières unités sont entrées vendredi dans le nord de Kiev, y faisant des morts.

Affrontements au nord de Kiev

Dans le quartier d'habitation d'Oblon, l'AFP a vu un civil tué sur un trottoir et des ambulanciers en secourir un autre, prisonnier de la carcasse d'une voiture écrasée par un blindé.

Les militaires ukrainiens ont aussi signalé des affrontements dans deux localités à entre 40 et 80 km au nord de Kiev. Des troupes russes approchaient également, selon eux, de la capitale en provenance du nord-est et de l'est. Après la fuite de nombreuses personnes jeudi, le centre de Kiev, une métropole qui compte en temps normal quelque trois millions d'habitants et désormais sous couvre-feu, ressemblait à une ville-fantôme.

Hommes en armes et blindés étaient positionnés aux principaux carrefours proches des bâtiments gouvernementaux. De rares passants s'arrêtaient pour échanger les dernières nouvelles, tandis que sirènes et explosions retentissaient sous un ciel nuageux. «Cette nuit, ils ont commencé à bombarder des quartiers civils. Cela nous rappelle (l'offensive nazie) de 1941», a lâché M. Zelensky dans la matinée, prononçant cette phrase en russe, signe qu'elle était destinée aux Russes.

Il a salué l'"héroïsme» de la population face à une invasion qui, selon un bilan datant de la mi-journée jeudi, a fait au moins 137 morts et 316 blessés côté ukrainien. Et assuré que les soldats faisaient «leur possible» pour défendre le pays. Le ministère ukrainien de la Défense a demandé aux civils à Kiev de l'«informer des mouvements ennemis : faites des cocktails Molotov, neutralisez l'occupant !».

Il a aussi affirmé, sans aucune preuve, que 2'800 soldats russes avaient été tués. La Russie n'a jusqu'ici donné aucune indication sur les pertes subies. L'invasion a jeté sur les routes des milliers d'Ukrainiens, qui affluent aux frontières de l'UE - notamment en Pologne, Hongrie et Roumanie.

Kristian Szavla, 28 ans, arrivé de l'ouest de l'Ukraine, a été un des premiers à franchir la frontière hongroise. «Nous ne voulons pas vivre ce que nos amis et compatriotes subissent dans l'est du pays, nous réveiller aux sons des sirènes à chaque bombardement russe», a confié cet homme, parti avec femme et enfant.

Durcissement des sanctions pour l'heure

Le président Zelensky a reproché aux Européens d'être trop lents à soutenir l'Ukraine et il a appelé ceux ayant «une expérience de combat» à venir lutter avec les Ukrainiens. Son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est membre de l'OTAN, a aussi reproché à l'UE et à l'Alliance atlantique leur inaction.

Cette organisation, dont les dirigeants se sont réunis vendredi en visioconférence, a répété ces derniers jours qu'elle n'enverrait pas de troupes en Ukraine. Joe Biden a en revanche prévenu qu'aucun «pouce de territoire de l'OTAN» ne serait cédé et le Pentagone dépêchera quelque 7000 hommes de plus en Allemagne.

Pour l'instant, le camp occidental se concentre sur le durcissement des sanctions contre la Russie et a déjà adopté des mesures pour restreindre l'accès aux marchés financiers internationaux de ses institutions financières comme son accès aux technologies. Mais 27 Etats de l'Union européenne ne sont pas allés jusqu'à exclure la Russie du système d'échanges bancaires internationaux Swift et Volodymyr Zelensky les a exhortés à aller plus loin.

«Annuler les visas pour les Russes? Déconnexion de Swift? Isolement total de la Russie? Rappel d'ambassadeurs? Embargo sur le pétrole? Aujourd'hui, tout doit être sur la table, car c'est une menace pour nous tous, toute l'Europe», a-t-il dit. Des pays tels que l'Autriche, initialement opposée à l'exclusion de la Russie du système Swift, semblaient désormais prêts à prendre une mesure considérée comme «une arme nucléaire économique».

Autres mesures de rétorsion : la Russie a été suspendue de toute participation aux instances du Conseil de l'Europe et l'OCDE deferlé la porte à son adhésion. Elle a en outre été exclue du très populaire concours de l'Eurovision, cependant que le Comité international olympique a exhorté les fédérations sportives internationales à annuler ou délocaliser tout évènement prévu sur son sol ou chez son allié bélarusse.

Les bourses tiennent plus ou moins le coup

Après avoir flambé jeudi, les cours des matières premières restaient très élevés, avec un baril de pétrole Brent au-dessus des 100 dollars même si le WTI américain était revenu autour de 95 dollars. La Russie est un exportateur essentiel de pétrole, gaz, blé et autres matières premières. Les grandes Bourses mondiales se reprenaient quant à elles après leur plongeon jeudi, mais le marché restait volatil.

L'offensive russe a commencé jeudi à l'aube, après la reconnaissance lundi soir par Vladimir Poutine de l'indépendance de territoires séparatistes ukrainiens du Donbass, parrainés par Moscou depuis 2014.

Pour tenter de justifier l'envoi de l'armée russe contre ses voisins ukrainiens, le maître du Kremlin a réitéré ses accusations infondées de «génocide» orchestré par Kiev dans les «républiques» rebelles du Donbass et dénoncé la politique «agressive» de l'Otan.

Poutine serre la vis à la contestation intérieure

Après avoir interdit les rassemblements contre la guerre, la Russie a annoncé vendredi «limiter l'accès» à Facebook, accusé de censurer les médias russes.

Dans ce contexte, le Conseil de sécurité des Nations unies devait voter vendredi soir sur un projet de résolution présenté par les Etats-Unis et l'Albanie condamnant l'invasion et demandant à Moscou le retrait immédiat de ses troupes. Le texte était toutefois condamné d'avance, la Russie disposant d'un droit de veto dans cette instance.

Le président chinois Xi Jinping, aux relations étroites avec Poutine, s'est pour sa part entretenu au téléphone avec le maître du Kremlin. La Chine, qui a aussi un droit de veto, «soutient la Russie dans le règlement (du conflit) par le biais de négociations avec l'Ukraine», a ensuite rapporté la télévision publique CCTV.

(ATS)


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