Succession de Sommaruga
Le coprésident du PS n'a pas toujours misé sur un ticket féminin

Pour la succession de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, le coprésident du PS Cédric Wermuth mise sur un ticket féminin. Mais en 2018, il s'était lui-même retrouvé face à une femme. Et à l'époque, le débat sur le genre l'avait dérangé.
Publié: 11.11.2022 à 11:39 heures
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Au sein du PS, l'élection de remplacement de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga fait l'objet de querelles.
Photo: keystone-sda.ch
Thomas Müller

«Ce qui me dérange dans le débat actuel, c'est que seule la question biologique intéresse encore», avait déclaré en 2018 l'Argovien Cédric Wermuth au «Tages-Anzeiger». Il s'agissait du siège argovien au Conseil des Etats, et de savoir si un homme ou une femme serait envoyé dans la course par le parti.

Dans la course au Conseil des Etats de 2019, les fronts étaient exactement inversés par rapport à aujourd'hui. Cédric Wermuth s'était retrouvé face à une femme.

Le jugement de la presse avait été sévère. Le «Tages-Anzeiger» écrivait que «le PS prêche les femmes - et place des hommes». Et Blick avait titré: «Un féministe devient un bloqueur de changement.»

Yvonne Feri aurait-elle sauvé le siège?

Cédric Wermuth s'était imposé au sein du parti face à sa concurrente Yvonne Feri. Environ un mois plus tard, la conseillère nationale avait manqué de peu un siège au Conseil d'Etat.

C'est l'UDC Jean-Pierre Gallati qui l'avait emporté avec seulement 1593 voix d'avance. La presse s'était même demandée: Yvonne Feri aurait-elle pu assurer son siège au Stöckli? Certainement que oui, si Cédric Wermuth ne lui avait pas fait face.

«Messieurs, laissez tomber!»

Aujourd'hui, ce même Cédric Wermuth fait fort. En tant que coprésident du parti, il souhaite que seules des femmes soient candidates à la succession de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Autrement dit, avant même que les politiciens du PS n'aient eu le temps de réfléchir à une candidature, l'Argovien leur a dit: «Messieurs, laissez tomber!»

Et ce, au grand dam du conseiller aux Etats Daniel Jositsch. Le professeur de droit, qui a des ambitions pour le Conseil fédéral, trouve cela discriminatoire. Et il n'est pas le seul à être dérangé par la discussion sur les chromosomes des candidates et candidats.

Daniel Jositsch reçoit même le soutien de quelques femmes du PS et de ce que l'on appelle l'aile réformiste du parti, dont le Zurichois fait lui-même partie. Cette aile a déposé une demande auprès du groupe parlementaire pour que le PS mise sur un ticket composé de deux femmes et d'un homme.

Pas de compréhension pour les hommes

Cédric Wermuth ne peut pas imaginer aujourd'hui qu'il n'y ait pas de ticket exclusivement féminin pour l'élection de remplacement de Simonetta Sommaruga. Le PS a toujours engagé une femme et un homme au gouvernement national, et sans ticket féminin, il y aurait le risque qu'il n'y ait plus que deux femmes dans l'ensemble du Conseil fédéral, argumente-t-il.

En 2018 encore, du point de vue du coprésident, il s'agissait de tout autre chose que de savoir si une femme ou un homme devait se présenter. Pour lui, ce qui importait était alors de choisir entre l'aile progressiste de son parti et l'aile modérée de sa concurrente.

Il ne s'est certes pas présenté aux élections au Conseil d'Etat, car un homme était déjà au gouvernement. Mais il en a été autrement pour le siège argovien au Conseil des Etats. Lors de cinq des six élections précédentes pour cette Chambre, des femmes avaient été présentées, un homme pouvait donc aussi se présenter.

Un homme ne pourrait-il pas le faire maintenant?

Apparemment, ce n'est plus le cas aujourd'hui: Simonetta Sommaruga siège au Conseil fédéral depuis douze ans. Certains pourraient aussi argumenter qu'un homme pourrait la remplacer.

Mais pourquoi la direction du PS ne le fait-elle pas? Cédric Wermuth n'a pas pu être joint par Blick pour une explication.

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