Voilà donc que Daniel Jositsch est candidat. Ce n'est une surprise pour personne: voilà longtemps que le Zurichois convoite le Conseil fédéral. Le coprésident du PS Cédric Wermuth a beau avoir essayé de l'en dissuader — ils ont eu plusieurs entretiens téléphoniques, a-t-il dit mardi —, le conseiller aux États n'en démord pas: barrer la route du ticket socialiste aux hommes est «contraire à la Constitution».
Quelles sont les chances de Daniel Jositsch? Pas très bonnes, pour être gentil. D'abord, il va devoir réussir à accéder au ticket du Parti socialiste, ce qui est encore loin d'être acquis. Son entêtement a déplu à beaucoup de monde au sein du parti à la rose, ces derniers jours. S'il y parvient, alors sa cote serait à la hausse, mais resterait modeste. Il y a fort à parier qu'une femme succédera à Simonetta Sommaruga.
Face à la presse, ce mardi, le professeur de droit a brandi la menace d'une candidature sauvage, s'il venait à ne pas être autorisé à participer au processus de sélection. Le PS doit prendre sa décision dans dix jours, le 18 novembre. En cas de confirmation de cette stratégie 100% féminine, il y aurait alors de nouvelles discussions, mais on peut s'attendre à ce que Daniel Jositsch brandisse sa «question de principe» pour une candidature sauvage.
Il ne «pouvait pas attendre»
La question d'une éventuelle discrimination risque d'être passablement débattue ces prochains jours. Après tout, le Parti socialiste met de côté 50% de la population, sous prétexte que la stratégie «un homme, une femme» a fait ses preuves. «C'est contraire à la Constitution!», a invoqué Daniel Jositsch, décidément résolu à ne pas se faire tordre le bras.
Pour parvenir à son objectif de devenir conseiller fédéral, un poste où il ferait «du bon travail», Daniel Jositsch est prêt à prendre tous les risques. C'est là tout le drame autour du Zurichois: jusqu'ici, l'attention a porté exclusivement sur la façon dont il veut accéder au gouvernement (ou dont il en est exclu) plutôt que sur la qualité de sa candidature.
Mais il ne voulait pas attendre la démission d'Alain Berset, que l'on dit possible après son année de présidence (2023). «J'ai 57 ans et je ne peux plus me permettre d'attendre», a-t-il rétorqué ce mardi après-midi. Au poker, on dirait que Daniel Jositsch a «fait tapis», mais il ne part de loin pas avec les meilleures cartes.