Eva Herzog dans la course
«J'ai une envie énorme d'être conseillère fédérale»

A 60 ans, Eva Herzog aspire à devenir conseillère fédérale. La Bâloise a annoncé ses intentions jeudi, insistant sur sa longue expérience à l'exécutif de son canton. Son profil de «socialiste de droite» est un avantage et non un frein, a-t-elle assuré.
Publié: 10.11.2022 à 10:32 heures
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Dernière mise à jour: 10.11.2022 à 11:11 heures
Eva Herzog a pris son temps pour analyser tous les paramètres avant d'annoncer officiellement sa candidature, ce jeudi.
Photo: keystone-sda.ch
Sophie Reinhart, Adrien Schnarrenberger

Et si la course pour la succession de Simonetta Sommaruga se résumait à un duel «Evi contre Eva»? Les médias alémaniques ont en tout cas déjà baptisé cette course ainsi, alors que d'autres candidats peuvent toujours sortir du bois, en plus du sort incertain de Daniel Jositsch.

Après Evi Allemann mercredi soir, Eva Herzog a annoncé jeudi matin son intention de devenir conseillère fédérale. «Oui, je brigue avec grand plaisir la succession de Simonetta Sommaruga», a-t-elle déclaré devant les médias. Cette démission a été une surprise et la Bâloise a voulu prendre le temps suffisant pour analyser ses options.

Quinze ans d'exécutif à Bâle

Eva Herzog peut compter sur une longue expérience de quinze ans d'exécutif bâlois et trois ans au Conseil des Etats, a-t-elle souligné. Ce serait «un privilège» de mettre ce vécu au service du Conseil fédéral. «Avec le coronavirus, puis la guerre en Ukraine et désormais une crise énergétique, ce ne sont pas les gros dossiers qui manquent», a relevé la socialiste qui fêtera ses 61 ans le mois prochain.

La section bâloise du PS est totalement derrière la candidature de sa championne, a insisté la coprésidente cantonale Lisa Mathys. Au gouvernement bâlois, Eva Herzog a acquis une grande cote de popularité, en plus du respect et de la confiance de la population.

Ses scores électoraux parlent en sa faveur, tout comme les finances bâloises. Elue lorsque les bilans étaient dans un rouge aussi vif que le logo de son parti, Eva Herzog a réussi à redresser la barre et à laisser des comptes très sains à ses successeurs, a expliqué son ancien collègue du gouvernement cantonal Hans-Peter Wessels. Celui-ci a également relevé le sens de la collégialité de la candidate au Conseil fédéral.

«On ne poserait pas cette question aux hommes»

Quid du fait qu'Eva Herzog est déjà sexagénaire et donc proche de l'âge de la retraite des femmes alors qu'elle brigue un poste gouvernemental? A cette question d'un journaliste, qui a également évoqué le souhait du directoire du PS d'élire une jeune mère de famille, la Bâloise a rétorqué qu'on ne poserait jamais cette question à un homme. Et qu'en divisant les femmes ainsi (jeunes mères contre femmes plus âgées), on risquait de réduire encore le nombre de candidates potentielles aux hautes fonctions, alors que les femmes sont déjà sous-représentées.

En ce sens, le ticket 100% féminin du Parti socialiste est tout à fait viable aux yeux de la conseillère aux Etats. «Je trouve bien que la direction du parti ait émis une stratégie et qu'elle l'applique», a déclaré Eva Herzog. La communication n'a pas été optimale, en revanche. Ce qui était une simple recommandation à l'attention du groupe parlementaire s'est transformé en une obligation via les médias, a déploré la Bâloise.

Eva Herzog est-elle suffisamment à gauche pour le Parti socialiste? A Bâle, la politicienne a appliqué des recettes presque bourgeoise pour redresser les finances cantonales, a relevé un journaliste. Ce n'est absolument pas un défaut, aux yeux de la candidate à la succession de Simonetta Sommaruga. Bien au contraire: il paraît difficile de faire élire un profil de l'aile très à gauche du PS au gouvernement, selon Eva Herzog.

«L'armée? Pourquoi pas»

Conformément à la tradition, la candidate s'est dite «ouverte à toutes les options» quant aux départements au sein du Conseil fédéral. Et si elle héritait de la Défense, comme c'est souvent le cas pour les nouveaux venus? «Il y a beaucoup de dossiers intéressants: les exportations d'armes, la neutralité, etc. Ce ne serait pas simple, mais intéressant», a-t-elle poliment répliqué.

Avant de tordre le cou à une dernière question sur ses liens avec l'industrie pharmaceutique bâloise. «Je suis proche de l'économie bâloise, pas de la pharma en tant que telle. Et, de toute façon, je ne me présente pas au Conseil fédéral pour représenter Bâle.»

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