Stimuler l'expression sexuelle des tout-petits
Plusieurs crèches suisses proposent des salles d'exploration corporelle aux bambins. C'est même encouragé!

Tollé en Allemagne, depuis que plusieurs crèches allemandes ont lancé un projet de salles d'exploration corporelles dédiées aux tout-petits. Un concept qui est déjà une réalité dans certaines crèches en Suisse. Du moins en théorie.
Publié: 18.01.2024 à 09:08 heures
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Dernière mise à jour: 18.01.2024 à 16:56 heures
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Aménager des espaces de masturbation, voilà le projet d'une crèche catholique à Kerpen-Türnich, en Allemagne.
Photo: keystone-sda.ch
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Qendresa Llugiqi

Aménager des espaces de masturbation, voilà le projet d'une crèche catholique à Kerpen-Türnich, en Allemagne. Le projet des responsables est simple: «créer des espaces de liberté pour l'expérimentation de la sexualité enfantine.» Le retour de flamme n'a pas tardé à arriver, venant notamment de certains partis politiques allemands, comme Alternative pour l'Allemagne (AfD). Entre-temps, les autorités sont intervenues et le programme a été retiré du site internet de la crèche.

Ce n'est pas le premier projet de ce type à faire des vagues en Allemagne. Plusieurs tentatives visant à ouvrir des espaces dédiés à la sexualité des jeunes enfants ont fait scandale. En 2023, une crèche de Hanovre, au nord de l'Allemagne, a voulu introduire une «salle d'exploration corporelle». La raison: certains jeux intimes avaient lieu dans les buissons ou aux toilettes. La crèche a alors proposé un plan aux parents, lesquels s'y sont opposés. Le ministère de la Culture a alors demandé à l'établissement de mettre fin au projet.

Un espace pour l'expression sexuelle

En Suisse, la possibilité de «jouer au docteur» dans un espace protégé fait déjà partie du projet pédagogique de certaines crèches. Comme dans ce centre de vie enfantine géré par la ville de Zurich: «Nous proposons aux enfants des lieux protégés dans lesquels ils peuvent se retirer et où les explorations corporelles sensorielle (jeux de docteur) peuvent également avoir lieu sans danger», précise l'établissement.

La ville de Zurich se défend: «Du point de vue de la pédagogie sexuelle, les jeux du docteur et les explorations corporelles font partie du développement normal. C'est pourquoi il ne faut pas les empêcher ou faire honte aux enfants qui s'y intéressent», explique Sarah Jost, porte-parole des institutions et des entreprises sociales.

Elle précise: «Les enfants sont toutefois libres de participer, ou pas. Il y a d'ailleurs toujours un professionnel à proximité. En outre, les parents sont dans tous les cas informés lorsque nous constatons que leurs enfants manifestent un intérêt particulier pour leur corps.» Ce concept sert de base de travail aux collaborateurs des crèches et doit leur offrir une sorte de guide concernant les questions de pédagogie sexuelle.

Des vagins en peluche, des pénis en bois

L'Association suisse des structures d'accueil de l'enfance s'engage également en faveur de l'éducation sexuelle. Le code de conduite des crèches de 2019 mentionne d'ailleurs: «L'exploration de son propre corps est une expérience importante pour un enfant. Cela fait partie de son développement normal s'il s'agit d'un jeu consensuel entre enfants d'à peu près le même âge.» Les enfants doivent cependant y participer de leur plein gré, sans qu'il n'y ait de rapport de force.

Le document rajoute: «Les adultes ne participent pas aux activités des enfants. Mais le jeu est encadré. En cas de violation de certaines limites, les collaborateurs interrompent le jeu et expliquent aux enfants la raison de leur intervention.» L'éducation sexuelle est encouragée en Suisse, du moins en théorie. Mais dans la pratique, le sujet suscite de vives contestations. 

Un projet de valise sexuelle, contenant des vagins en peluche et des pénis en bois, avait par exemple été présentée à Bâle-Ville en 2011. Une initiative populaire «Protection contre la sexualisation à l'école maternelle et primaire» avait immédiatement été lancée. Selon certaines informations rendues publiques, le chef du comité, Benjamin Spühler, était un pédophile condamné – par la suite, le comité avait d'ailleurs pris ses distances avec l'intéressé. Mais les cours d'éducation sexuelle, eux, sont restés dans le programme scolaire suisse et sont désormais obligatoires pour tous les élèves.

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