La guerre au Proche-Orient préoccupe les Suisses. Le 7 octobre dernier, le Hamas a pénétré en Israël depuis la bande de Gaza, tuant plus de 1200 personnes et enlevant des centaines d’otages. L’armée israélienne a répondu par des raids aériens et une offensive terrestre. Le nombre de victimes augmente chaque jour et se compte aujourd’hui en milliers dans les deux camps.
Vingt mois après la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, un autre conflit sanglant fait donc rage à la périphérie de l’Europe. Il pourrait à tout moment connaître de nouvelles escalades.
Plus sur le conflit au Proche-Orient
Que pense la population suisse de la guerre au Proche-Orient? Qui est à blâmer? Et comment la situation doit-elle évoluer? L’institut de sondage Sotomo a réalisé un grand sondage représentatif à la demande de Blick.
«La Suisse est divisée»
Les résultats montrent une attitude différenciée des Suisses face au conflit. Mais ils révèlent aussi de profonds clivages qui traversent le pays. Le politologue Michael Hermann, qui a réalisé le sondage, affirme que «la Suisse est divisée sur cette guerre».
40% rendent le côté palestinien responsable de la guerre actuelle, 27% les deux camps, 35% Israël. La guerre au Proche-Orient se distingue donc fortement de la guerre en Ukraine, où la Suisse est en grande partie unanime. Seuls 10% considèrent l’Ukraine comme le déclencheur de la guerre.
Comment expliquer ce clivage?
«Le conflit au Proche-Orient a une longue histoire et la plupart des citoyens avaient déjà une position à ce sujet avant le 7 octobre», explique Michael Hermann. Dans les milieux de gauche, la solidarité avec les Palestiniens existe déjà depuis les années 1960. Tandis que du côté bourgeois, Israël est considéré comme un rempart contre l’islamisme.
Notre sondage le confirme: plus les personnes interrogées sont orientées à gauche, plus elles ont tendance à rendre Israël responsable du conflit. Plus elles sont à droite, plus elles considèrent que les Palestiniens en sont responsables.
Il n’y a pas seulement un clivage gauche-droite, mais aussi un Röstigraben: alors qu’en Suisse alémanique, 43% des personnes interrogées estiment que le camp palestinien est plutôt responsable de la guerre, elles ne sont que 27% en Suisse romande.
Une majorité reconnaît le droit d’Israël à se défendre
Si la Suisse est divisée sur la question de savoir qui est responsable de la guerre, une majorité – de la gauche à la droite – reconnaît le droit d’Israël à se défendre.
72% estiment qu’Israël a le droit d’agir contre le Hamas par des moyens militaires. Il existe des différences significatives entre les sexes. Alors que 78% des hommes estiment qu’Israël a le droit de mener une guerre contre le Hamas, ce chiffre n’est que de 65% chez les femmes.
Les différences sont encore plus grandes si l’on répartit la population en fonction de leur préférence partisane: les partisans du Centre (82%) et du PLR (83%) sont les plus favorables à Israël. Les citoyens qui se classent dans l’éventail des partis de gauche sont en revanche nettement plus critiques à l’égard du droit à l’autodéfense: parmi les partisans des Vert-e-s, 66% estiment qu’Israël a le droit d’attaquer le Hamas. Parmi ceux du PS, 63% des citoyens sont de cet avis. Du côté de l’UDC, ils sont 75%.
Profonde aversion pour le Hamas
Le conseiller fédéral Ignazio Cassis a le vent en poupe avec son projet d’interdire le Hamas en Suisse: 80% des personnes interrogées sont favorables à une interdiction.
De l’avis des participants, les fonds d’aide à la Palestine devraient également être suspendus s’il n’est pas garanti qu’ils servent à acheter des armes.
Le Hamas suscite une profonde aversion: 92% des personnes interrogées désapprouvent le groupe islamiste. En parallèle, il y a beaucoup de sympathie pour les habitants de la bande de Gaza.
L’approbation par la Suisse d’une résolution de l’ONU demandant un «cessez-le-feu humanitaire» recueille une courte majorité (58%) au sein de la population. Il semble clair pour les Suisses que les Palestiniens ont le droit d’avoir leur propre État: 84% soutiennent une solution à deux États. Dans la réalité, celle-ci paraît s’éloigner de jour en jour.