Les relations entre Sergio Ermotti et Karin Keller-Sutter se sont considérablement dégradées ces derniers mois. La lettre ouverte adressée par le patron d'UBS aux autorités helvétiques la semaine dernière en est l'illustration parfaite: «Je ne me serais jamais attendu à ce que le plus grand obstacle à un résultat positif vienne des mêmes autorités qui nous ont demandé de relever les défis de Credit Suisse», peut-on lire.
Depuis de longs mois maintenant, la querelle fait rage entre la Confédération et sa plus grande banque sur la question des fonds propres. En effet, depuis la chute de Credit Suisse, les autorités helvétiques – la ministre des Finances Karin Keller-Sutter en première ligne – exigent qu'UBS augmente ses capitaux propres à hauteur de 10 à 25 milliards de francs afin de garantir la solidité de ses filiales. Pour la grande banque, il n'en est pas question.
Mais les choses semblent enfin bouger, rapporte mercredi l'agence Reuters, qui cite des sources au sein de la grande banque suisse. En effet, UBS serait désormais disposée à faire de «larges concessions». Le mastodonte helvétique proposerait notamment de limiter sa banque d'investissement à un maximum de 30% de ses activités et de constituer cinq milliards de dollars de fonds propres supplémentaires.
Un départ de Suisse, question brûlante
Un porte-parole souligne auprès de l'agence de presse qu'UBS banque faisait déjà partie des «banques les mieux capitalisées au monde». Il l'assure: sa banque soutient en principe les efforts des autorités pour renforcer la stabilité financière dès lors qu'ils n'entraînent pas de charges disproportionnées. Le Conseil fédéral révélera en mai le montant du capital propre qu'il estime nécessaire dans le cadre de sa nouvelle réglementation pour encadrer les grandes banques. Le processus d'approbation de cette nouvelle législation pourrait prendre des années.
En attendant, la question des fonds propres devrait continuer à échauffer les esprits à Berne et à Zurich. La semaine dernière, l'agence «Bloomberg» rapportait qu'en interne, UBS envisageait sérieusement de quitter la Suisse. Dimanche, une enquête de Blick révélait la crainte à Berne de voir UBS se faire engloutir par une banque américaine. Un scénario auquel ni l'UBS ni la Suisse n'ont intérêt.