Sergei Aschwanden s'exprime
«Ces sabotages de canons à neige ne serviront à rien»

Après la série de sabotages sur des canons à neige, Sergei Aschwanden, directeur de l’Association touristique de la Porte des Alpes, se livre à Blick. Pour lui, ces actes de vandalisme sont uniquement des coups médiatiques déconnectés de la réalité. Interview.
Publié: 12.02.2023 à 06:00 heures
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Dernière mise à jour: 12.02.2023 à 09:02 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Dans les Alpes vaudoises et valaisannes, mais aussi en France, des sabotages de canons à neige se sont multipliés ce début d’année. Si quelques fois des revendications écologiques ont suivi ces actes de vandalismes, les auteurs sont systématiquement restés silencieux.

Jusqu’à ce que l'un de ces activistes prenne la parole, sous couvert d’anonymat, dans les colonnes de «24 heures». Cet homme, «un enfant de la montagne», un «ingénieur en environnement de formation», explique avoir agi au nom de «l’intérêt commun, pour «défendre la biodiversité en altitude» et pour «être du côté du vivant». Cet individu se dit prêt à recommencer tant qu’il sera nécessaire de thématiser la question «du ski à outrance et tout ce que cela entraîne».

Une vision simpliste, voire complètement déconnectée de la réalité? Sergei Aschwanden, député libéral-radical au Grand Conseil vaudois et surtout directeur de l’Association touristique de la Porte des Alpes (Leysin, Villars, Les Mosses, Les Diablerets), sort du bois. Pour lui, si la problématique du réchauffement climatique est sérieuse, ces déprédations ne serviraient à rien. L’ancien judoka, médaillé de bronze aux JO de Pékin en 2008, se dit toutefois ouvert au dialogue avec les activistes. Il rappelle en outre l’importance économique du ski et la nécessité de développer le tourisme quatre saisons. Interview.

Sergei Aschwanden, comment réagissez-vous aux justifications de ce saboteur de canons à neige?
Il faut différencier le fond de la forme. Intéressons-nous à la forme, d’abord. Indépendamment du non-respect de la loi, je trouve déplorable que cette personne n’ait même pas le courage de témoigner à visage découvert. Si on est sérieux, on se doit d’assumer ses combats et ses idéaux. Ne pas le faire en dit long sur cette personne et ses méthodes. C’est de la lâcheté et un bête coup médiatique qui ne servira à rien.

Et sur le fond?
Premièrement, aujourd’hui, les canons à neige font partie des us et coutumes. Ces installations ne se mettent pas en place et ne s’enlèvent pas du jour au lendemain. Il faut des années de procédures. Il ne faut par ailleurs pas oublier que le ski fait vivre des régions entières et des secteurs entiers de l’économie. On ne peut pas faire comme si cette réalité n’existait pas.

Cela ne signifie pas pour autant qu’on ne peut pas questionner ces infrastructures et leur impact sur l’environnement, non?
Entendez-moi bien: à aucun moment je ne conteste le fait qu’il y ait un réchauffement climatique. Quand je suis entrée en fonction à Villars il y a 10 ans, on parlait déjà du tourisme quatre saisons. Mais cela prend du temps à mettre en place, il faut l’accepter. À noter aussi que, quand nous imaginons des activités autres que le ski, nous avons des problèmes avec le même genre de personnes que les saboteurs de canons à neige. Ces dernières, en réalité, estiment que toute activité est de trop. C’est donc difficile d’être constructif avec elles.

Votre station, Villars, a aussi été touchée par ces actes de vandalisme début janvier. Pour quelles conséquences?
À part les quelques milliers de francs de frais, aucune. Il y avait suffisamment de neige, donc le domaine skiable n’a pas été impacté malgré les deux ou trois canons à neige dégradés.

Seriez-vous prêt à rencontrer ces activistes pour échanger avec eux?
Avec grand plaisir! Tout le monde peut avoir ses opinions. La liberté d’expression est une richesse. Même si j’ai beaucoup de peine avec les personnes qui n’assument pas leur choix et leurs gestes, je suis sûr qu’une rencontre serait intéressante. Il en ressortirait probablement quelque chose de positif. Je suis à disposition.

Au fond, la question fondamentale que posent ces sabotages, c’est l’avenir du ski. Cette activité, avec ses conséquences sur l’environnement, est-elle vouée à disparaître quoi qu’il arrive?
Oui et non. Cette saison catastrophique pour les stations nichées à 1500-1600 mètres d’altitude a cruellement mis en évidence la nécessité de penser dès maintenant à des alternatives au ski. Soyons clairs: l’avenir de cette activité va beaucoup dépendre du comportement humain et politique à court terme. Si nous n’arrivons pas à ralentir le réchauffement climatique, il est effectivement plus que probable que le ski disparaisse d’ici 30 à 50 ans. Mais j’ai bon espoir que nous trouvions des solutions.

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