Selon un conseiller national PLR
Les chômeurs doivent aider les facteurs pour sauver le courrier A!

La suppression de facto du courrier A dans de nombreuses régions de Suisse suscite de vives réactions. Parmi elles, un conseiller national bâlois PLR propose que les chômeurs et les bénéficiaires sociaux aident les facteurs pour les levées du courrier le soir.
Publié: 17.08.2021 à 20:13 heures
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Dernière mise à jour: 18.08.2021 à 10:02 heures
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De nombreuses boîtes aux lettres ne sont désormais vidées que jusqu'à 9 heures du matin. Dans de nombreux endroits, cela signifie la fin du courrier A.
Photo: Keystone
Lea Hartmann, Louise Maksimovic (adaptation)

Poster une lettre le jour même pour qu’elle arrive le lendemain? Dans de nombreux endroits en Suisse, cela est devenu impossible et le courrier A fait désormais partie du passé. Environ la moitié des 14’000 boîtes aux lettres du pays ne sont plus vidées après 9 heures du matin. Pour vous assurer que votre lettre arrive le lendemain, il vous faudra la poster plus tôt, ou alors vous déplacer jusqu’à une boîte aux lettres qui continuent à relever le courrier après 9 heures du matin!

La raison de ce changement de pratique? Des impératifs financiers, puisque la Poste doit faire des économies. Du côté du monde politique, la décision du géant jaune fait éclater les protestations. Le patron de la Poste, Roberto Cirillo, devra se présenter devant la commission compétente du Conseil national à la fin du mois pour proposer aux parlementaires des alternatives aux coupes qui impactent directement la distribution du courrier A. Une information révélée le week-end dernier par le SonntagsBlick.

Un second marché du travail pour combler le vide

Christoph Eymann, conseiller national PLR de Bâle, a récemment présenté une proposition concrète pour sauver le courrier A. Il propose que les personnes au chômage et les bénéficiaires de l’aide sociale aident les facteurs en prenant en charge la relève du courrier dans les boîtes aux lettres le soir. Si sa proposition se limite pour l’instant spécifiquement au canton de Bâle-Ville, le modèle pourrait être applicable dans toute la Suisse.

Le conseiller national est également président de la Conférence suisse pour l’aide sociale (Skos). «Selon les estimations, environ un tiers des bénéficiaires de l’aide sociale pourraient être employés sur le marché du travail primaire», explique-t-il. «Ces personnes seraient là pour combler le vide.»

La Confédération ne veut pas interférer

Michael Hug, conseiller municipal bâlois et collègue de parti de Christoph Eymann avait déjà émis une proposition similaire au niveau cantonal. Il est convaincu que le recours à ce que l’on appelle le second marché du travail serait une situation gagnant-gagnant, comme il l’écrit dans sa proposition: «D’une part en créant des emplois pour les personnes qui sont capables mais ne trouvent pas de travail sur le premier marché du travail, et d’autre part pour les clients de la poste».

Le gouvernement de Bâle n’a pas encore commenté la proposition. Le Conseil fédéral, de son côté, a rappelé dans un communiqué que la détermination des heures de levées de courrier des boîtes aux lettres et l’organisation du personnel étaient à la discrétion de la Poste. «Tant que les exigences de la législation de la poste sont respectées, le Conseil fédéral ne voit aucune raison d’intervenir dans ces décisions.»

«Le service public s’érode»

Christoph Eymann s’attendait à cette réponse de la part du gouvernement. Il n’en est cependant pas vraiment satisfait. «Nous devons entamer un dialogue sérieux avec la Poste», estime-t-il. Si le gouvernement fédéral ne le fait pas, les cantons devront s’en charger. «Le service public s’érode. Nous ne pouvons pas l’accepter.»

Si la Poste ne cède pas, il faut se demander si son monopole sur le courrier est encore justifié, menace le conseiller national. Le membre du PLR bâlois veut avant tout augmenter la pression sur le gouvernement cantonal avec une pétition pour trouver des solutions à ce problème. Il annonce la couleur: «Nous continuerons à nous défendre».

Du côté de la principale intéressée, la Poste, la proposition de Christoph Eymann ne fait pas l’unanimité. L’emploi de personnes handicapées ou de chômeurs impliquerait un travail considérable, selon Erich Goetschi, porte-parole de la Poste. «L’efficacité économique requise ne serait pas assurée.» De plus, les tournées de collecte seraient physiquement exigeantes et se dérouleraient dans le trafic chargé observé le soir. Si une demande concrète devait être reçue, elle serait toutefois examinée en bonne et due forme.

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