Si une banque se met à déraper, cela peut avoir de graves conséquences pour les entreprises, les particuliers et les épargnants. Les loyers et les achats peuvent-ils encore être payés? Les entreprises peuvent-elles mener leurs affaires comme d'habitude? Ce ne sont là que quelques-unes des préoccupations de la population suisse avec la chute de Credit Suisse.
Et ces inquiétudes ne semblent pas totalement infondées: des banques d'importance systémique comme Postfinance et la Banque cantonale zurichoise (ZKB) ont publié leurs plans d'urgence. Plans qui n'ont à nouveau pas été jugés réalisables, écrit l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) dans son rapport annuel du 27 mars.
La banque Raiffeisen est également citée. Mais l'évaluation dans le rapport annuel date de mars 2022. Et comme l'établissement l'a indiqué à Blick, son plan d'urgence a été jugé réalisable entre-temps par la Finma.
Les banques travaillent sur des améliorations
Les plans d'urgence doivent garantir qu'une banque puisse continuer à assurer ses fonctions d'importance systémique pour l'économie suisse, même en cas de menace d'insolvabilité. Mais les établissements en question n'ont pas réservé suffisamment de capital pour les cas d'urgence, écrit encore la Finma.
En cas d'urgence, Postfinance pouvait auparavant compter sur une injection de capital de la part de la Confédération. Mais la révision de la loi sur l'organisation de La Poste, qui a été rejetée, a asséché ce canal financier.
La banque doit donc élaborer une nouvelle stratégie d'urgence. A la ZKB, on veut combler la lacune existante en reclassant les fonds propres de base durs ou en émettant des instruments de bail-in.
Ici, La recapitalisation passerait par la participation forcée des créanciers. Leurs créances seraient transformées en fonds propres de la banque. Ces instruments doivent garantir que les actionnaires et les bailleurs de fonds non garantis soient les premiers à perdre leur capital.
Credit Suisse aurait rempli les conditions
L'évaluation négative de la Finma n'est pas une raison de paniquer. La ZKB et le groupe Raiffeisen sont extrêmement bien positionnés. L'année dernière, les deux banques ont réalisé des bénéfices élevés de plus d'un milliard de francs chacune. Et Postfinance est également solide, même si ses affaires ne sont pas aussi florissantes. La raison? En tant que banque d'Etat, Postfinance n'a pas accès aux activités lucratives des crédits et des hypothèques. Malgré cela, il lui restait encore 190 millions de francs de bénéfice au bout du compte.
Le bilan de Credit Suisse, qui a entre-temps été sauvé, montre à quel point la régulation des grandes banques fortement interconnectées est compliquée. Selon la Finma, Credit Suisse et l'UBS avaient entièrement satisfait les exigences légales en matière de plan d'urgence. Et de poursuivre: «Les deux grandes banques suisses se sont aussi améliorées dans la perspective d'une éventuelle liquidation globale.» Mais c'est justement cette liquidation générale qui n'était soudainement plus possible pour un Credit Suisse en difficulté.
Too big to fail, un échec?
Si les autorités avaient engagé la liquidation de la banque, les conséquences auraient été fatales pour d'autres établissements financiers internationaux. C'est pourquoi, selon le portail américain Bloomberg, il y a eu une grande pression internationale sur la Suisse. Les autorités autour de la ministre des Finances Karin Keller-Sutter ne veulent rien savoir d'une telle influence. Et tout aussi peu du fait que la réglementation too big to fail de la Suisse a échoué.
Marlene Amstad, présidente du conseil d'administration de la Finma, a encore souligné lors de la conférence de presse annonçant le sauvetage de Credit Suisse que la réglementation too big to fail n'avait pas été appliquée en raison des circonstances économiques exceptionnelles.
Cette déclaration montre toutefois clairement la faiblesse de la réglementation: En effet, il est peu probable qu'un grand établissement financier suisse soit un jour au bord de la faillite sans que ne surviennent auparavant des perturbations mondiales massives, comme la crise actuelle des banques régionales américaines.