L'école Rossacker se trouve au centre du village zurichois de Niederhasli, juste à côté du magasin Migros. La grande pelouse, le terrain de sport et le gymnase en font partie. Environ 840 enfants y sont scolarisés et surveillés, en comptant les élèves des deux autres établissements scolaires de cette commune de l'Unterland zurichois. Les bâtiments scolaires, équipés de caméras de vidéosurveillance à chaque coin de rue, ressemblent à des zones de haute sécurité, mais sans fil de fer barbelé ni mur.
«De nombreuses dégradations et violences ont eu lieu ici», explique la présidente de l'école Beatrix Stüssi. «Des vitres cassées aux bagarres!» Plusieurs panneaux indiquent la présence de la vidéosurveillance. Ils sont déjà en place depuis plus de six ans à Niederhasli, mais l'effet est modeste. «Les caméras sont un élément de prévention, mais la violence et les dommages matériels ne disparaissent pas pour autant», déplore la présidente.
Les chiffres de la police soutiennent ses observations. «On constate une augmentation des délits dans les écoles», explique Bettina Lazzarotto, chef de service de l'intervention auprès des jeunes de la police cantonale de Zurich. Concrètement, en 2018, la police cantonale zurichoise a encore enregistré 1982 délits dans les écoles, en 2023, il y en a eu 2109. En 2020, année du Covid, le nombre de délits a même dépassé les 2200. L'évaluation ne montre pas si les actes ont eu lieu pendant les heures d'école.
Sur la jeunesse
Des dommages matériels aux blessures corporelles
L'éventail des types de délits dans les écoles zurichoises est large: pour 2023, il y a eu 749 dommages matériels, 396 vols, 119 voies de fait, 18 brigandages et 65 lésions corporelles simples. Selon cette évaluation de la police cantonale de Zurich, les voies de fait ou les lésions corporelles simples dans les écoles ont augmenté d'environ 60% au cours des six dernières années.
Le procureur général de la jeunesse du canton de Zurich constate également dans ses chiffres que la criminalité dans les écoles est en hausse. Environ un cinquième des plus de 1200 délits de violence commis par des mineurs en 2023 ont eu lieu dans l'école ou dans le périmètre scolaire environnant. C'est plus du double que dans les gares.
La criminalité à l'école a toujours existé, affirme le criminologue Dirk Baier. «L'école est un lieu de développement de l'identité des jeunes.» Les limites sont explorées. L'évaluation des risques est souvent un mot étranger.
L'augmentation des délits n'est cependant pas dramatique, assure Dirk Baier. En effet, le seuil d'inhibition face aux dénonciations est plus bas et la population est plus nombreuse qu'il y a quelques années. Mais les écoles doivent les prendre au sérieux, prévient le criminologue. Et pour une raison simple: «La violence des délits est différente de celle d'autrefois», comme l'explique la policière Bettina Lazzarotto.
Les auteurs de violences sont de plus en plus jeunes
Les écoles secondaires, cantonales ou professionnelles ne sont pas les seules à devoir lutter contre la criminalité. Les écoles primaires y sont également confrontées. C'est ce que montrent les chiffres du Ministère public de la jeunesse de Zurich. «Les auteurs d'actes de violence sont de plus en plus jeunes», confirme la porte-parole Esther Pioppini à Blick. Il y a six ans, ils avaient encore 15,7 ans en moyenne. L'année dernière, la moyenne était encore de 15,2 ans.
Selon le criminologue Dirk Baier, le fait que les jeunes de 12 ou 13 ans soient de plus en plus criminels et enclins à la violence est un phénomène nouveau. Pour lui, l'une des raisons de l'augmentation du nombre de délits dans les écoles, mais aussi de la baisse de l'âge des jeunes auteurs de violences, est l'influence du monde numérique, d'Internet et des réseaux sociaux.
Les services spécialisés atteignent leurs limites
La police bernoise constate aussi une augmentation des demandes émanant des écoles sur des thèmes tels que la violence et le harcèlement. Cela montre que les services spécialisés correspondants atteignent leurs limites, explique la porte-parole Jessica Friedli. «Cela conduit à son tour à ce que les situations dégénèrent plus qu'auparavant et que la police entre en jeu.» C'est pourquoi on développe l'offre dans le domaine de la prévention et de l'intervention pour les écoles en cas d'urgence et de crise, poursuit Jessica Friedli.
La commune de Lutzenberg (AR) a déjà développé le concept de sécurité de l'école. Depuis juin, une poignée de caméras de surveillance de l'école primaire, qui compte environ 130 élèves, enregistrent ce qui se passe en dehors des heures de cours.
Et la raison est fâcheuse, explique le président de l'école Peter Müller. La belle vue sur le lac de Constance attire les gens dans la cour de récréation le soir et le week-end. Résultat: les fêtards laissent derrière eux des dégradations, du littering ou des tags, parfois chaque semaine. Il espère que les caméras seront efficaces. Et que les enfants ne soient pas accueillis à la rentrée scolaire par des éclats de verre et des dégâts.
Les caméras sont de plus en plus utilisées
Depuis quelques années, les caméras vidéo dans les écoles sont un outil de prévention apprécié et bon marché. On ne sait pas exactement combien d'écoles disposent de caméras. Lors d'un entretien avec Blick, les responsables de la protection des données de certains cantons ont déclaré que les demandes émanant des écoles étaient en augmentation.
Les autorités savent que les caméras ne sont pas la seule solution. Selon elles, le travail social à l'école ou le travail avec les jeunes, qui misent sur la prévention et le dialogue, sont incontournables.
A Niederhasli, la présidente de l'école Beatrix Stüssi en est consciente: «Nous faisons tout ce qui est possible, mais l'ambiance est plus grossière qu'avant.» Malgré la prévention, le dialogue et les caméras, la criminalité augmente. La perplexité demeure… ainsi que l'espoir de ne pas devoir installer des barbelés prochainement.