Samuel Bendahan est vent debout! L’objet du courroux du conseiller national socialiste vaudois? Le Conseil fédéral a discrètement publié un document sur des changements fiscaux prévus à partir de 2024.
Ce fameux catalogue inclut diverses augmentations d’impôts et de redevances, telles qu’une hausse de la TVA pour financer la réforme de l’AVS ou la fin de l’exonération d’impôt pour les voitures électriques, relevait «Le Temps» ce mercredi. Une proposition supplémentaire prévoit d’augmenter la taxation sur les retraits en capital des deuxièmes et troisièmes piliers de la prévoyance vieillesse.
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Ce jeudi matin, le co-chef du groupe socialiste aux Chambres parlementaire dénonce une tonte excessive de la classe moyenne. L’élu du parti à la rose au célèbre pull rouge estime qu’il faut plutôt mettre en place des mesures pour contrer «l’avidité» des multinationales et des milliardaires. Interview cash.
Samuel Bendahan, est-on mal réveillé? Personne, même dans ses rêves les plus fous, n’aurait pu imaginer voir un jour le Parti socialiste (PS) s’opposer à une hausse de la fiscalité.
Et pourtant, nous avons toujours été clairs: pour chaque mesure, nous regardons les effets sur la population. Si une mesure péjore la condition de la classe moyenne ou des ménages modestes, nous nous y opposons. Vous êtes-vous déjà demandé comment cela se fait que notre pays est de plus en plus riche, et que nous vivions en même temps une crise du pouvoir d’achat qui s’étend même jusqu’à la classe moyenne supérieure?
Dites-nous!
La réponse, c’est l’avidité. Pour permettre aux multinationales d’engranger des milliards et aux milliardaires de concentrer encore davantage les richesses et le pouvoir, nous renonçons au pouvoir d’achat de l’écrasante majorité de la population. Alors oui, vous avez raison, il faut se réveiller.
Comment procéder, selon vous?
Au lieu d’écouter la propagande et la caricature diffusée avec des millions de francs de budget, il est important de prendre le temps de voir ce que proposent vraiment les partis. En recourant à la caricature et la désinformation, la droite espère garantir que les gens votent contre leurs intérêts. Les socialistes s’engageront toujours pour le pouvoir d’achat et pour que tout le monde puisse profiter de la valeur créée dans notre pays et dans le monde.
Mais factuellement, les recettes de la Suisse croissent, mais ses dépenses augmentent encore plus. Il va bien falloir trouver une solution, non?
Factuellement, le PIB de la Suisse a augmenté de plus de 300’000’000’000 francs en 20 ans, soit une augmentation de plus de 60%. Chaque année, nous produisons donc cette somme en plus. Cela aurait dû se traduire par une immense amélioration de notre niveau de vie.
Et à la place, que s’est-il passé?
Les salaires, en particulier les plus bas, ont stagné, les rentes ont baissé (en termes réels), les primes et les loyers ont explosé. Par contre, les revenus et la fortune des plus riches ont plus que quadruplé en 30 ans, par exemple. Nous avons donc bel et bien largement les moyens de prendre des mesures pour que tout le monde puisse vivre heureux dans ce pays, et de faire ce que nous pouvons pour améliorer le quotidien des gens sur cette terre.
Prime d’assurance maladie, logement, impôts… Tout prend l’ascenseur. Ne craignez-vous pas le point de rupture?
Je pense que pour beaucoup de monde, le point de rupture a déjà été atteint. Nous ne pourrons plus continuer comme cela, c’est absolument insoutenable. Le plus frustrant, c’est que la Suisse, contrairement à beaucoup d’autres pays, a les moyens d’agir. Beaucoup d’autres personnes n’ont pas cette chance.
À vos yeux, qu’est-ce qui grippe la machine?
La Suisse a aussi construit sa richesse grâce à sa culture du compromis et de la recherche de solutions communes. Mais maintenant, l’avidité sans fin des caisses maladie, des multinationales, des entreprises immobilières et autres milliardaires qui s’enrichissent tout en licenciant en masse, menace cette cohésion nationale si importante. Quand vous dites que tout prend l’ascenseur, ce n’est pas tout à fait juste: l’imposition des ultra-riches et des multinationales, elle, a baissé, contrairement aux primes maladies et aux loyers. Mais je vous vois venir: il ne suffit pas de se plaindre, il faut surtout trouver des solutions…
Comment redonner du pouvoir d’achat aux gens?
Là aussi, il y a de nombreuses choses que nous pouvons faire, et nous avons proposé un grand nombre de mesures ces dernières années pour faire quelque chose. Premièrement, nous devons absolument agir sur les facteurs qui péjorent le plus le pouvoir d’achat des ménages: loyers, primes d’assurances maladie, salaires insuffisants, explosions de certains coûts. Nous devrons absolument trouver une solution pour rendre le système de financement de la santé plus solidaire, cela amènerait à une baisse massive des primes pour de nombreux ménages. Les locataires paient en Suisse plus de 10 milliards de trop en loyers chaque année, alors que des sociétés immobilières font de juteux investissements.
Que proposez-vous concrètement?
Un contrôle systématique des loyers, par exemple, pourrait changer la donne. Il faut bien entendu revaloriser les rentes que l’on obtient à la retraite, comme nous avons réussi à le faire avec l’introduction d’une 13e rente. Enfin, il faut pousser à la généralisation des conventions collectives de travail et introduire des salaires minimaux. Ce ne sont que quelques-unes des mesures que nous avons proposées, mais même si on ne faisait que cela, les ménages de ce pays pourraient déjà récupérer des milliers de francs en pouvoir d’achat chaque année.