Julian, le bassiste du groupe Lauwarm qui a provoqué une polémique dans toute la Suisse l'année dernière, a été brutalement agressé. «Je suis victime de racisme de gauche», déclare-t-il à Nau.ch. Le groupe, composé de musiciens blancs portant de dreadlocks, avait été accusé d'appropriation culturelle. La Brasserie Lorraine à Berne avait décidé d'interrompre leur concert et de les déprogrammer.
Cela s'est passé fin octobre devant la Reitschule de Berne. Alors qu'il était en train de rouler une cigarette, un homme a surgi devant lui et lui a hurlé dessus. «Tu n'as rien à faire ici», aurait-il crié.
Raison invoquée: il joue dans Lauwarm et est donc de droite, selon l'agresseur. L'homme en rajoute ensuite une couche en lui disant d'«aller se faire f*****!»
A lire aussi
Brutalement attaqué
Avant même que le musicien ait pu finir de rouler sa cigarette, la situation a dégénéré. «Il m'a frappé au sol et m'a donné un coup de pied dans le ventre. Je ne pouvais plus respirer», raconte Julian au portail d'information. Ce n'est que grâce à deux amis qui l'ont protégés que l'agresseur s'est finalement calmé.
Si le bassiste ne rend l'incident public que maintenant, c'est pour une bonne raison. L'agression, qui s'est déroulé devant la Reitschule à Berne, n'est en effet pas un cas isolé. Alors qu'il avait fait une apparition lors de la fête d'été de la «Weltwoche» l'année dernière, les attaques se sont multipliées contre le musicien. «Certains disent que je suis de droite depuis ce moment-là», explique Julian. L'homme est pourtant manifestement de gauche.
«Il m'a crié: 'Saleté de blanc à dreads!'»
En décembre dernier, l'homme a aussi été chassé du club bernois Kapitel Bollwerk avec un spray au poivre. On l'aurait accusé d'avoir agressé deux collaborateurs et on l'aurait ensuite chassé.
Et ce n'est pas tout: le chef du club s'en serait pris à Julian. «Il m'a crié: 'Saleté de blanc à dreads!'», raconte le bassiste de Lauwarm.
Interrogé par Nau.ch, le club indique que le musicien se trouvait dans une zone interdite aux visiteurs et qu'il s'est montré violent verbalement et physiquement lorsqu'il a été expulsé. Le personnel aurait été contraint d'utiliser un spray au poivre.
En outre, un cofondateur du club affirme que le personnel ne savait pas que la personne en question était un membre du groupe Lauwarm.
Désormais, Julian ne sort plus à Berne
Une chose est sûre: les attaques ont laissé des traces chez Julian. «J'ai des crises d'angoisse, j'ai peur de me faire à nouveau tabasser. Depuis, je ne sors plus à Berne.»
L'attitude des autorités laisse un autre goût amer au musicien. Le Ministère public aurait entre-temps suspendu le cas à la Reitschule. Et ce, parce que l'auteur des faits est inconnu. «Mes témoins n'ont même pas été entendus», déclare Julian.