Les socialistes vaudois veulent que l'Etat de Vaud contrôle «au peigne fin» les activités des barber shops – ces coiffeurs à destination des hommes, arrivés récemment en nombre dans les rues de villes et villages. Le député Romain Pilloud, président du parti cantonal, dépose ce mardi 25 janvier au Grand Conseil vaudois un postulat en ce sens.
«J'en ai discuté d'abord avec ma coiffeuse, raconte l'élu à Blick. Et j'ai observé une vraie inquiétude des coiffeurs traditionnels et de la branche de voir de plus en plus de barber shops ouvrir à quelques mètres de leur commerce.» Il fait état non seulement de craintes de «concurrence déloyale», au vu des tarifs au rabais pratiqués par certains. Mais aussi de tendance au «blanchiment d'argent», aux atteintes au droit du travail, voire à la «traite d'être humains» dans ce milieu.
Convention collective peu respectée
Le postulat demande à l'Etat de Vaud de favoriser les contrôles dans ces établissements, qui cachent parfois une réalité sombre. Pour ce faire, il s'agirait de collaborer plus étroitement avec la commission paritaire, chargée de faire appliquer la Convention collective de travail (CCT) pour les métiers de la coiffure, notamment en lui donnant les moyens de réaliser plus de surveillance.
Le postulat repose sur les statistiques des contrôles réalisés en 2024 par la commission paritaire. Au total, 28 établissements vaudois ont été observés… pour 28 constatations d'au moins une infraction à la CCT 2024-2027, pourtant déclarée obligatoire par le Conseil fédéral. Bas salaires, durée de travail: certains coiffeurs et coiffeuses employés ont la vie dure.
Accentuer les contrôles
Pour ce qui est des risques d'exploitation, de travail au noir, de traite d'êtres humains et plus généralement de non-respect du droit du travail, il en va de la compétence de l'Etat, en particulier de la Direction générale de l'emploi et du marché du travail (DGEM). Romain Pilloud appelle l'instance – rattachée au Département de la libérale-radicale (PLR) Isabelle Moret – à réaliser un rapport sur la question.
Le socialiste explique se faire «le relai» des entrepreneurs comme des partenaires sociaux: «Dans le monde de la coiffure, il y a une vraie attente de rapports sur la question et de statistiques claires, et le cas échéant de réglementations.» Il assure que son postulat, dirigé contre les barber shops en particulier, ne veut pas dire «que tous sont des salauds».
Le député de gauche y voit plutôt une question d'image: «D'après moi, les barbiers honnêtes, qui peuvent avoir un vrai savoir-faire en provenance de la Syrie ou des Balkans, ont tout intérêt à ce que leur profession ait une meilleure réputation.» Romain Pilloud espère susciter un large ralliement politique dernière son texte, qui «défend aussi bien le droit du travail que l'économie».