«A la fin, c'est du pipeau»
Les patrons clashent Pierre-Yves Maillard sur la protection des salaires

La Confédération, les cantons et les partenaires sociaux ont convenu de 11 mesures pour protéger les salaires en Suisse, en vue d'un accord avec l'UE. Le président de l'USS Pierre-Yves Maillard appelle, lui, à aller plus loin. Et ça ne plait pas aux employeurs suisses.
Publié: 20.02.2025 à 06:13 heures
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Dernière mise à jour: 20.02.2025 à 07:14 heures
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Quel avenir pour la protection des salaires en Suisse? Les syndicats et les employeurs trouvent pour la première fois un terrain d'entente pour atténuer l'impact de l'accord entre la Suisse et l'UE.
Photo: keystone-sda.ch
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Joschka Schaffner

L'annonce a été faite mercredi 19 février: dans la perspective d'un accord avec l'Union européenne (UE) la Confédération, les cantons et surtout les partenaires sociaux se sont mis d'accord sur un paquet de onze mesures de politique intérieure devant garantir le maintien de la protection des salaires en Suisse. Sitôt l'annonce faire, les syndicats en ont immédiatement profité pour accentuer la pression.

Les mesures ne constituent pas une percée, écrit la faîtière des travailleurs Travailsuisse dans un communiqué. De son côté, le président vaudois de l'Union syndicale suisse (USS) Pierre-Yves Maillard, a assuré lors d'une interview pour Blick, que le paquet de mesures du Conseil fédéral prouve que «l'accord avec l'Union européenne affaiblit la protection des salaires» et qu'il faut donc des «corrections importantes». 

Le Conseil fédéral semble partiellement d'accord avec ce constat, puisqu'il a fait part de sa volonté de garantir les conventions collectives de travail (CCT) déclarées de force obligatoire, dites CCT étendues. L'Union patronale suisse et l'Union suisse des arts et métiers (USAM) souhaitent, elles aussi, y contribuer. Mais toutes deux l'assurent: elles n'iront pas plus loin!

Beaucoup de bruit pour peu de résultats?

Les deux faîtières en profitent pour jeter une pique aux syndicats, qui ont, selon elles, obtenu de faibles résultats malgré leurs revendications très bruyantes. «En public, ils ont toujours sorti les tambours et les trompettes», déclare Urs Furrer, directeur de l'USAM «Mais au niveau des résultats, c'est plutôt du pipeau.»

L'Union patronale suisse considère, elle aussi, que Pierre-Yves Maillard n'est pas parvenu à gagner grand chose. «Les limites étaient claires depuis le début», déclare Stefan Heinichef, chef de la communication de la faîtière. Pour lui, les mesures présentées mercredi sont précisément celles que les employeurs ont soutenu depuis le début, d'où le soutien de l'Union patronale suisse et de l'USAM.

Mais pour Pierre-Yvers Maillard, la bataille est visiblement loin d'être terminée. De quoi faire céder les employeurs? «Il est hors de question que nous acceptions des revendications idéologiques», déclare Stefan Heini. Conclure à la hâte de nouvelles CCT étendues est hors de question, estiment les deux faîtières. Les employeurs suisses rejettent également avec véhémence les revendications syndicales concernant l'amélioration de la protection contre le licenciement des travailleurs représentant le personnel au sein d'une entreprise.

L'USAM temporise

«Dans les domaines où la Suisse n'a pas obtenu les résultats nécessaires dans les négociations avec l'UE, nous avons tendu la main», assure pour sa part le directeur de l'USAM. Certes, le statu quo en matière de protection des salaires doit être garanti.

«Mais nous rejetons les exigences supplémentaires qui n'ont rien à voir avec l'accord entre la Suisse et l'UE.» Urs Furrer souligne également qu'il est encore trop tôt pour porter un jugement général sur l'accord. Tout comme les syndicats, l'USAM veut d'abord attendre la conclusion définitive des négociations avant de pointer son pouce vers le haut ou vers le bas.

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