Le conseiller fédéral Beat Jans a plaidé jeudi à Genève en faveur de davantage d'intégration des Ukrainiens sur le marché du travail. Alors que leur taux d'emploi se monte à 14% dans le canton, il a encouragé autorités et milieux économiques cantonales à se mobiliser.
«L'intégration des réfugiés d'Ukraine sur le marché du travail est clairement une priorité pour la Suisse», a déclaré le chef du Département fédéral de justice et police lors d'une table ronde à la Fédération des entreprises romandes (FER). Devant un parterre de chefs d'entreprises et de fonctionnaires, il a rappelé que le Conseil fédéral s'est fixé «l'ambitieux objectif d'un taux d'activité de 45% à la fin de l'année».
Chiffres frappants
Or, «les chiffres genevois sont frappants: parmi les quelque 2400 personnes ayant un statut S en âge de travailler, environ 330 ont un emploi. Soit 14,3%. Ce taux correspond à la moitié de la moyenne suisse. Il est même le plus bas de Suisse. C’est une réalité, mais pas une fatalité. Alors, autant l’évoquer clairement», a poursuivi Beat Jans, selon la version écrite de son discours.
«Genève est certes un canton frontalier. Mais il n’est pas le seul et ses besoins sont grands, car des milliers de postes de travail restent vacants». Le conseiller fédéral s'est dit convaincu «qu’ici – comme dans d’autres régions d’ailleurs – on peut faire mieux». Et de citer en exemple sa visite à une pâtisserie genevoise. Occupant quatre Ukrainiens, cette entreprise est presque la seule à Genève qui emploie plus d’un réfugié avec statut S, s'est-il étonné.
Le ministre a rappelé que de nombreuses sociétés ont besoin de main-d'œuvre. Cette situation va s'accentuer. Selon une étude d'economiesuisse, il manquera en Suisse 460'000 employés au cours des dix prochaines années. «Pour combler partiellement ce manque de personnel, la Suisse doit tenir compte du potentiel de main-d'œuvre encore inexploité. Les réfugiés ayant le statut S en font clairement partie».
Potentiel d'ouverture
Les personnes réfugiées d’Ukraine sont «motivées et débordent de potentiel». Si elles sont invitées à trouver un emploi aussi rapidement que possible, même ne correspondant pas à leur profil, même à temps partiel, même temporaire, «nous souhaitons que les entreprises examinent leur candidature sans a priori et qu’elles embauchent», a poursuivi Beat Jans. «Pour les multinationales, il existe encore un potentiel d’ouverture. Si 60 sociétés engagent chacune six personnes, Genève atteindra la moyenne suisse d'un seul coup!», a-t-il illustré.
Les cantons et les communes doivent faciliter ce processus d’intégration professionnelle et donner un véritable signal politique. Les administrations, sans remettre en cause le partenariat social, doivent atténuer la charge administrative pour améliorer la délivrance de permis de travail, a estimé le ministre.
Changements de loi en vue
D’ailleurs, concernant les titulaires du statut S, le chef du DFJP va bientôt soumettre au Conseil fédéral des propositions de changements législatifs. Comme le remplacement du permis de travail par une simple annonce, a-t-il indiqué.
Mardi la Confédération et les cantons avaient présenté les chiffres de l'emploi des Ukrainiens en Suisse. Au 30 décembre 2024, 29,6% d'entre eux travaillaient, alors que le Conseil fédéral avait fixé un objectif à 40%. Les situations restent très différentes d'un canton à l'autre. Dans les cantons romands et au Tessin, le taux d'activité reste faible, entre 14% (Genève) et 22% (Fribourg).