Le Jura a toujours accueilli le nombre de requérants d'asile qui lui revenait en vertu du système fédéral de répartition, a déclaré le chef du Département fédéral de justice et police (DFJP) lors de la cérémonie officielle. Sur l'impulsion de l'AJAM, le canton a aussi fait preuve de flexibilité en acceptant par moments plus de réfugiés, et cela sans tension politique, a-t-il encore souligné.
En 2023, sur les quelque 25'700 requérants d'asile acceptés en Suisse et répartis dans les cantons, le Jura en a accueilli 75, selon le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM). L'AJAM prend actuellement en charge 2000 personnes migrantes sur l'ensemble du canton.
Une intégration rapide
Fondée en 1984, l'AJAM est mandatée par le Gouvernement jurassien pour la prise en charge de tous les requérants d'asile et l'accompagnement social des réfugiés munis d'un permis B ou admis à titre provisoire. Contrairement à d'autres cantons, c'est donc une seule institution qui assure le suivi de ces personnes migrantes.
M. Jans a salué le modèle unique de l'AJAM et la "recette du Jura sur l'asile" qui consiste à travailler ensemble. En effet, une autre particularité est que le comité de l'association est composé des principaux acteurs du domaine de l'asile, non seulement des associations caritatives, des oeuvres d'entraide et des églises, mais également tous les partis politiques du canton.
Ce système permet notamment une intégration rapide des personnes réfugiées et migrantes, a encore estimé le conseiller fédéral.
Les festivités de l'AJAM ont été lancées en mars et se sont échelonnées sur plusieurs mois. Les autorités jurassiennes étaient bien représentées à la cérémonie officielle jeudi, notamment avec la ministre de l'Intérieur Nathalie Barthoulod et le ministre de l'Economie Jacques Gerber, ainsi qu'avec la présidente du Gouvernement jurassien Rosalie Beuret Siess.
Le défi des mineurs non accompagnés
Le Jura fait également partie des bons élèves concernant l'intégration des personnes au bénéfice d'un permis S, a dit le ministre socialiste. Actuellement, 20% des réfugiés ukrainiens en âge de travailler ont un emploi dans le Jura, soit la plus forte proportion au niveau romand.
Mais il reste une marge de progression, a-t-il insisté, en exhortant les entreprises à embaucher plus de réfugiés ukrainiens. Le taux visé par le Conseil fédéral d'ici la fin de l'année est de 40%. Le ministre en charge de l'asile a également indiqué que le Conseil fédéral se prononcera prochainement sur une éventuelle prolongation du statut S d'une année, soit jusqu'en mars 2026.
Avant la cérémonie officielle, Beat Jans s'est rendu à Courfaivre pour visiter un foyer géré par l'AJAM qui accueille 20 mineurs non accompagnés. Parmi les défis relevés par l'AJAM au cours de ses 40 ans d'existence, la directrice Suzanne Maître a pointé l'accompagnement de cette population particulièrement vulnérable.
Le nombre de mineurs non accompagnés hébergés dans le canton a augmenté "de manière significative" ces dernières années, passant de moins d'une dizaine à une cinquantaine actuellement. Mme Maître a aussi prévenu que des arrivées supplémentaires sont annoncées ces prochains mois.
Beat Jans critiqué par l'UDC
Durant cette visite du centre à laquelle la presse n'était pas conviée, Beat Jans a déclaré avoir été touché par les efforts déployés par ces jeunes pour s'intégrer. Il a également été impressionné par le travail fourni par les éducatrices et éducateurs. Il est important de connaître la réalité du terrain pour prendre les bonnes décisions, selon lui.
A la question de savoir s'il n'avait pas peur qu'un incident impliquant des réfugiés du type de l'attaque au couteau de Solingen, en Allemagne, ne vienne mettre à mal la situation apaisée en matière d'asile dans le canton du Jura, Beat Jans a dit que le risque existait. Mais il a dans le même temps souligné que la situation est différente en Suisse où tous les niveaux politiques sont impliqués pour que l'intégration des réfugiés s'effectue rapidement.
Et quant aux critiques répétées de l'UDC sur sa manière de gérer le dossier de l'asile, M. Jans a indiqué qu’il se prêtera à un exercice de questions-réponses lors d’une session parlementaire spéciale dédiée à la migration dans un mois. "Les parlementaires UDC poseront beaucoup de questions auxquelles je répondrai du mieux possible", a anticipé le ministre.