Elue écolo arrêtée à Genève
Les Jeunes UDC accusent les Vert-e-s de couvrir de graves activités criminelles

Après l'arrestation d'une élue écologiste à Genève, les Jeunes UDC accusent les Vert-e-s de «complicité» avec le milieu criminel de la drogue. Mercredi, leur communiqué s'appuie sur deux exemples lausannois. Une attaque que juge «ridicule» une figure verte genevoise.
Publié: 27.03.2025 à 15:42 heures
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Les Jeunes UDC et leur président Nils Fiechter estiment que les Vert-e-s couvrent de graves actes criminels au sein de leur parti.
Photo: Keystone
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Léo MichoudJournaliste Blick

Les Jeunes UDC ont eu la main lourde sur les Vert-e-s dans leur dernier communiqué de presse – publié ce mercredi 26 mars. Mais sont-ils allés trop loin en accusant le parti «d'inaction complice» avec la criminalité organisée, en lien avec le démantèlement d'un réseau de drogue à Genève et surtout l'arrestation d'une élue écologiste du Grand-Saconnex dans ce cadre?

«Cette affaire illustre la déchéance morale des Verts et leur incapacité à faire face aux réalités de la criminalité organisée, attaque la division jeunesse du premier parti de Suisse. Plutôt que de protéger les citoyens, ils couvrent et tolèrent des activités criminelles graves au sein de leur propre parti.» Un parti national accusé de couvrir des activités criminelles en son sein, ça va loin.

Un communiqué ridicule, selon une Verte

De quoi faire réagir la conseillère nationale genevoise Delphine Klopfenstein Broggini, l'une des personnalités romandes de Vert-e-s. Contactée par Blick, elle juge ce communiqué «ridicule». Elle ne commente pas outre mesure l'arrestation de l'élue écologiste: «Cette affaire relève de la justice, nous avons pleine confiance dans la justice pour qu’elle fasse son travail.»

Du côté du Grand-Saconnex, la vice-présidente du Conseil municipal de la commune genevoise – réélue dimanche alors même qu'elle a été interpellée chez elle le mercredi d'avant – est actuellement en détention provisoire à la prison de Champ-Dollon. Elle reste présumée innocente, nie toute implication, mais la police a découvert un kilo de cocaïne chez elle et soupçonne son mari et elle d'avoir participé à un réseau criminel mené par leur fils – qui vit au même endroit.

A la suite de l'interpellation de leur élue, aussi bien les Vert-e-s genevois que la section du Grand-Saconnex ont pris leurs distances avec les activités dont est suspectée leur élue. Une démarche insuffisante pour les Jeunes UDC, qui n'hésitent pas à mettre cette affaire en lien avec deux exemples lausannois qui mettent selon eux en évidence «l’irresponsabilité et la complaisance des Verts face à la criminalité organisée».

Des affaires de drogue et d'écolos liées?

Premier cas: le postulat du conseiller communal vert de Lausanne Ilias Panchard proposant de remettre en question l'armement de la police municipale de Lausanne. «Cette volonté de désarmer ceux qui protègent nos rues est la preuve manifeste de leur laxisme et de leur complaisance envers les criminels», tance le communiqué de presse des jeunes conservateurs.

Second exercice d'équilibrisme réalisé par les Jeunes UDC: un lien entre le réseau démantelé à Genève et un réseau nigérian de trafic de drogue qui semble avoir ses quartiers à la Rue de Genève 85... à Lausanne, comme le relayait «24 heures» en septembre. Selon le communiqué, l'adresse de l'ouest lausannois «est devenue un foyer de criminalité majeure, transformée en zone de non-droit sous l’œil complaisant des autorités municipales dirigées par la gauche donc les Verts également».

Le communiqué va jusqu'à poser l'hypothèse d'une «coordination entre les mafias nigérianes de Lausanne et le réseau dirigé par le fils de l’élue verte de Genève». Du moins selon les Jeunes UDC, «la similitude des modes opératoires et la complaisance manifeste des autorités écologistes suscitent de graves inquiétudes».

Deux approches de la politique antidrogue

Pour répondre aux critiques sur cette communication ciblée envers des adversaires politiques, Blick a demandé au vice-président des Jeunes UDC Daniel Esfeld, de détailler ce qui leur permet d'affirmer que les Vert-e-s «couvrent et tolèrent des activités criminelles graves» en leur sein. «Le parti écologiste tolère ce genre d'actions au lieu de s'investir par des mesures effectives pour que ces actes criminels autour de la drogue cessent», répond le Vaudois, responsable de la section romande du parti.

Selon l'étudiant en informatique, les Vert-e-s ferment les yeux sur leurs liens avec le crime organisé. «Je ne sais pas si c'est voulu, cette tolérance. Mais dans les faits, elle est là, affirme Daniel Esfeld. Dans les villes à majorité de gauche, on ne voit pas la criminalité ou la problématique de la drogue baisser, car ils n'entreprennent rien contre.»

Pour le vice-président des Jeunes UDC, Delphine Klopfenstein Broggini a «bien raison de dire qu'il faut attendre que la justice fasse son travail». Mais il nuance: «Le fait est qu'on a trouvé cette quantité de drogue chez cette élue, sur lequel il faut réagir et se poser des questions.» Pour celui qui attend avec impatience les résultats de l'enquête de police, la réaction outrée des Vert-e-s genevois à l'arrestation de l'élue – qui promettent son exclusion si les faits sont avérés – n'est que de façade.

«C'est bien beau de se distancer, mais il faut que les Vert-e-s investissent pour plus de sécurité, et entreprennent des actions pour réduire la criminalité liée aux réseaux de drogue.» Des actions politiques, qui a priori ne sont pas comprises de la même manière dans les rangs de l'UDC et dans ceux des écologistes. Et Daniel Esfeld de conclure en résumant le fond de leur attaque politique frontale: «Les politiques de ce parti simplifient le travail de ces réseaux criminels.»

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