Armée suisse
Sous le feu des critiques, Viola Amherd tente une dernière fois de redorer le blason du DDPS

Le Département fédéral de la défense réagit aux inquiétudes concernant sept projets d'armement et d'informatique. Malgré les risques et retards signalés, Amherd affirme que tout est mis en œuvre pour réaliser ces initiatives cruciales pour l'armée suisse.
Publié: 10:06 heures
|
Dernière mise à jour: 12:01 heures
Accompagné du chef de l'armée, Viola Amherd relève les défis auquel font face l'armée suisse.
sda-logo.jpeg
ATS Agence télégraphique suisse

Face aux critiques, la ministre de tutelle Viola Amherd tente, peut-être pour la dernière fois avant son départ, de redorer le blason de l'armée. Accompagnée notamment du chef de l'armée et du chef de l'armement, elle a défendu vendredi les grands projets militaires.

Le Département fédéral de la défense (DDPS) réagit à une lettre envoyée par la Délégation des finances du Parlement, qui tirait la sonnette d'alarme. Selon la Délégation, sept grands projets d'armement et d'informatique, estimés à 19 milliards de francs, présentent des risques massifs. Le Contrôle fédéral des finances a lui pointé une gestion «insatisfaisante» de la commande de drones israéliens par l'armée.

Le nouveau système de surveillance de l'espace aérien suisse est retardé. L'introduction d'un nouveau logiciel informatique est en suspens. Le remplacement des systèmes de télécommunications mobiles de l'armée pourrait échouer. Le nouveau réseau de commandement de l'armée prend un retard considérable. Idem pour le projet clé «réseau de données sécurisé Plus».

Intérêt public sous-estimé

Amherd reconnaît avoir sous-estimé l'intérêt du public et l'avoir trop peu informé alors qu'il s'agit d'argent public. Les sept projets mentionnés dans la lettre «sont un défi depuis des années», a-t-elle précisé devant les médias. «L'état d'avancement n'est pas satisfaisant», a-t-elle concédé.

«Nous mettons tout en oeuvre pour réaliser ces projets, mais il y a des obstacles en raison de leur taille ou de la durée que nous ne pouvons pas écarter parce que nous ne pouvons pas les influencer.» Ce qui n'empêche pas la ministre de bien dormir. «Nous reconnaissons les problèmes et prenons des mesures d'amélioration. Le contraire serait une honte.»

Focus sur les problèmes

La ministre, le chef de l'armée Thomas Süssli, le chef de l'armement Urs Loher ont tous trois martelé que l'armée gère des milliers de projets. La grande majorité progresse comme prévu et respecte le budget alloué. Et Süssli de mentionner notamment l'informatique de l'armée, l'interaction entre les membres de l'armée et l'administration pour la numérisation, la construction des centres de calcul, ainsi que les missiles air-air.

Les médias n'en parlent jamais. A l'inverse, les sept projets qui posent problème font les gros titres et les médias laissent entendre que de l'argent public disparaît. «Ce n'est pas le cas», a assuré le chef de l'armée. Les retards sont dus à cinq raisons principales: des attentes de base trop élevées, une complexité sous-estimée, des «helvétisations», des obstacles d'ordre organisationnel, des retards de livraison et l'augmentation des prix.

Sur les quatre projets qui concernent directement le chef de l'armée, deux sont déjà en marche, un est en bonne voie et l'autre est à nouveau sur les rails après des mesures. La plateforme NPD et le projet C2Air sont des projets centraux du DDPS.

NPD est la seule qui soit protégée contre les attaques cinétiques, les cyberattaques et les pannes de courant. Il est donc indispensable que des systèmes critiques pour l’engagement, comme le nouveau système de conduite et de communication des Forces aériennes, soit installé sur la NPD. Ce système est en cours de renouvellement, dans le cadre d’une étape prévue du projet C2Air, a précisé Thomas Süssli.

Drones israéliens

Du côté d'armasuisse aussi, la majorité des 4000 projets avancent bien et ne sont pas connus du public. L'achat de quatorze bateaux de patrouille, notamment utilisés pour la conférence du Bürgenstock, a été réalisé dans les temps et sans dépasser le budget, a exemplifié Urs Loher, chef de l'Office fédéral de l'armement.

L'acquisition des drones de reconnaissance a été la plus médiatisée. «Le déroulement du projet ne correspond pas à nos attentes», a reconnu Urs Loher. Les vues entre armasuisse et Elbit sont différentes. Mais les drones seront en service en 2026. Un abandon du projet aurait eu des conséquences financières trop importantes.

«A l'avenir, nous remettrons en question les promesses des fournisseurs de manière plus critique», a conclu le chef d'armasuisse.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la