Si la chute de Credit Suisse appartient au passé sur le plan économique, c'est encore loin d'être le cas au niveau politique. Mardi 18 mars, le Conseil national doit discuter des leçons à tirer de la chute du géant bancaire suisse. Ironie du sort, ce débat prend place un jour après la révélation des 14,9 millions de francs perçus par le patron d'UBS Sergio Ermotti en 2024.
Dans les faits, cette rémunération est proche de celle de 2023, et elle est même nettement inférieure à certaines prévisions. Mais cela ne devrait pas empêcher certains élus de dénoncer ce salaire à huit chiffres lors de la séance plénière du Conseil national. Encore moins lorsque l'ordre du jour prévoit d'aborder la politique de rémunération des banques d'importance systémiques.
Il ne faut pas se leurer: bien que Raiffeisen, Postfinance et la Banque cantonale de Zurich soient théoriquement concernées, il s'agit avant tout de traiter du cas d'UBS et, rétrospectivement, de la politique de rémunération menée chez Credit Suisse.
Les recommandations de la CEP passées au crible
Entre 2012 et 2022, l'ancienne banque a accumulé 33 milliards de francs de pertes, tout en distribuant... 31 milliards de bonus. De quoi relancer le débat sur la mise en place d'une politique de rémunération durable et axée plutôt sur la performance.
Le Parlement se penchera par ailleurs sur le rapport de la Commission d'enquête parlementaire (CEP) chargée d'analyser la débâcle de Credit Suisse. Les élus passeront ainsi à la loupe les recommandations émises par la CEP afin d'éviter une telle débâcle à l'avenir.
Côté Romand, deux interventions sont très attendues: celles de la Fribourgeoise Isabelle Chassot, présidente de la commission, et du Vaudois Roger Nordmann, membre de la CEP. Ce dernier se retirera de la vie politique à la fin de la session de printemps. Il y a donc fort à parier qu'il fustigera une dernière fois les dérives du système bancaire suisse avant de tirer sa révérence.
D'autres questions brûlantes sur la table
Les discussions devraient être alimentées par d'autres questions brûlantes, telles que la nécessité d'adapter au plus vite la réglementation «too big to fail», le renforcement de l'autorité de surveillance des marchés financiers (Finma) ou encore la limitation du «filtre réglementaire» qui, dans le cas du Credit Suisse, a masqué pendant des années la mauvaise capitalisation de la banque.
Le Conseil national discutera ultérieurement d'autres sujets importants comme le niveau de capitalisation d'UBS ou encore l'introduction d'un Public Liquidity Backstop (PLB), c'est-à-dire d'un mécanisme étatique visant à garantir les liquidités d'une banque d'importance systémique. Si de nombreux pays ont déjà mis en place un PLB, la Suisse prend son temps, elle qui a pourtant dû recourir au droit d'urgence pour autoriser in extremis le rachat de Credit Suisse par UBS.