UBS a offert un salaire royal à son chef Sergio Ermotti: le CEO de la grande banque suisse a perçu au total 14,9 millions de francs pour l'année 2024. C'est ce que le montre le rapport d'activité 2024 publié lundi par UBS.
L'année dernière, la rémunération totale de Sergio Ermotti avait atteint 14,4 millions de francs, pour seulement neuf mois de travail, puisqu'il était arrivé à la tête d'UBS en avril 2023 à la suite du rachat tumultueux de Credit Suisse.
Avec son salaire actuel, le patron de l'UBS figure parmi les CEO les mieux payés de Suisse. Le patron de Novartis Vas Narasimhan fait toutefois mieux, avec une rémunération de 19,2 millions de francs, tout comme le patron de Sunrise André Krause, qui s'est vu offrir la coquette somme de 15,4 millions de francs en 2024.
Pluie de critiques l'année dernière
Les débats sur les salaires des grands patrons d'entreprises suisses devraient désormais reprendre de plus belle. L'année dernière déjà, la rémunération de Sergio Ermotti avait suscité de vives critiques en provenance de tous les horizons politiques. «Les bonus excessifs de certains grands patrons détruisent la confiance de la population dans l'ensemble de l'économie», s'était alors indigné le président du Parti Libéral-radical (PLR) Thierry Burkhart.
Thomas Minder , père de l'initiative contre les rémunérations abusives des patrons et ancien conseiller aux Etats indépendant, avait prédit une continuité pour les années à venir: «L'UBS continuera à faire des milliards de bénéfices dans les années à venir et les salaires continueront à augmenter.»
Sergio Ermotti avait quant à lui balayé les critiques et s'en était même étonné: «Je me demande parfois pourquoi les salaires élevés dans l'économie font l'objet d'une telle attention, alors que ces mêmes montants ne sont pas un sujet de débat dans le sport et le divertissement», avait-il déclaré en décembre 2024 dans «Migros Magazine».
Vers un plafond salarial?
Le Parlement suisse semble gentiment, mais sûrement lassé de ces énormes salaires. Lundi dernier, le Conseil des Etats a adressé un premier signal à UBS et à son patron en adoptant une motion du Conseiller aux Etats de l'Union démocratique du centre (UDC) Jakob Stark, qui demandait un plafond salarial de 3 à 5 millions de francs pour les banquiers.
Une prise de position qui a eu le don d'agacer sur la place financière. «Si la politique souhaite fixer un plafond salarial dans l'économie privée, ce serait une intervention massive dans l'économie de marché libérale», a expliqué l'Association suisse des banquiers à Blick.
L'idée d'un plafond salarial jouit toutefois d'une certaine approbation parmi les économistes. «Les salaires et les bonus des grandes banques sont beaucoup trop élevés et devraient être limités», a notamment déclaré Marc Chesney, professeur émérite de mathématiques financières à l'université de Zurich.