19 fois le salaire d'un employé
19,2 millions! Le salaire du CEO de Novartis fait grincer des dents

Le salaire du CEO de Novartis Vas Narasimhan donne le tournis. «190 fois le salaire d'un employé normal, c'est trop», estiment les initiés.
Publié: 14:42 heures
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Dernière mise à jour: 15:10 heures
Vas Narasimhan est l'une des personnes les mieux payées parmi les chefs d'entreprise suisses.
Photo: IMAGO/Avalon.red
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Daniel Faulhaber

Selon les estimations des experts de la branche, le salaire d'un collaborateur de production chez Novartis s'élève à environ 100'000 francs par an. Le CEO gagne la même chose… en deux jours. Un écart salarial qui fait grincer des dents la classe politique.

Le patron de Novartis Vas Narasimhan touchera 19,2 millions en 2024 pour son poste. Il est ainsi l'un des cadres les mieux payés de Suisse. Le président de Novartis, Jörg Reinhardt, a déclaré lors de l'assemblée générale 2024 que le salaire du CEO était «à la limite de ce qui est encore perçu comme acceptable». A l'époque, le CEO gagnait encore 16,2 millions de francs. Trois millions de moins qu'aujourd'hui.

Consternation du Centre à la gauche

Vas Narasimhan justifie son salaire par la réalisation de tous les objectifs. Les politiciens du Centre à la gauche sont consternés. Il y a une limite à tout, a déclaré le conseiller aux Etats du Centre Pirmin Bischof à la SRF. Et la limite est dépassée! La coprésidente du Parti socialiste (PS) Mattea Meyer demande des mesures.

Elle l'a déjà fait une fois. Et même, le peuple a voté une loi. Mais l'effet de l'initiative contre les rémunérations abusives semble s'être évaporé douze ans après le succès de la votation avec 68% de oui. Ces salaires exubérants sont-ils de retour?

Oui, affirme Rolf Kurath, le président de l'association des actionnaires Actares. Avant de faire le calcul: «19,2 millions de francs, c'est 190 fois le salaire d'un employé de production. C'est fou!» Rolf Kurath et Actares estiment qu'un plafond salarial de trois millions pour les CEO de groupe est approprié. «Tout ce qui est supérieur est injustifiable».

Les rémunérations ont augmenté

Actares est, en quelque sorte, l'alliance des petits. L'association représente des personnes privées et s'engage «pour une plus grande responsabilité du groupe». Mais, à côté des actionnaires institutionnels de Novartis comme Blackrock, elle ne représente qu'un pour mille des voix de Shareholder, précise Rolf Kurath. Il s'attend à ce que l'assemblée générale approuve à nouveau cette année la rémunération de Vas Narasimhan.

Selon une étude d'Ethos l'année dernière, les salaires fixes des CEO des sociétés cotées en Suisse ont certes baissé. Mais l'ensemble des rémunérations, y compris les cotisations aux caisses de pension, les parts d'actions et les programmes de bonus, ont augmenté.

S'orienter vers les Etats-Unis

L'initiative contre les rémunérations abusives n'a pas empêché tout ce raffut. «Elle a certes créé de la transparence sur les niveaux de rémunération des patrons, explique Rolf Kurath. Mais cette transparence a pour conséquence que le niveau est en permanence repoussé vers le haut. Quand on sait ce que l'autre gagne, les exigences augmentent.»

Si l'on se réfère aux règles du système de rémunération en vigueur, il y a peu à reprocher au salaire de Vas Narasimhan, affirme Rolf Kurath. Le problème, à ses yeux, c'est l'orientation vers le système salarial américain et l'argument récurrent: si l'on veut des personnes de haut niveau, il faut payer des salaires compétitifs.

«Un CEO n'est bon que dans la mesure où le personnel l'est aussi», lance le représentant des actionnaires. Et un écart salarial comme celui de Novartis va à l'encontre du principe d'équité salariale. La nouvelle augmentation de salaire ainsi que le relèvement du dividende à 6% continuent de redistribuer l'argent des employés qui le gagnent aux propriétaires et aux managers, déclare Philipp Zimmermann, porte-parole du syndicat Unia. «La colère à ce sujet est perceptible au sein du personnel.»

Que pense Thomas Minder, ancien conseiller aux États et père de l'initiative contre les rémunérations abusives, de tout ça? «C'est tout simplement de la mauvaise gestion d'entreprise si l'écart salarial est aussi important dans une société anonyme.» Thomas Minder appelle les actionnaires à rejeter le montant de la rémunération lors de l'assemblée générale.

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