Le shopping en ligne est-il sur le point de connaître une révolution en Suisse? C'est ce que laisse entendre les réactions de plus en plus nombreuses au sujet du commerce en ligne, qui font même réagir les politiques. La Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et de l'énergie du Conseil des Etats (CEATE) a soumis récemment au Conseil fédéral un nouveau postulat. Celui-ci remet sérieusement en question le mantra populaire «Achetez maintenant, réfléchissez plus tard» intériorisés par la majeure partie des consommateurs.
Le nouveau postulat des politiciens vise à mettre un terme aux retours de produit par correspondance en ligne. Le but est que ces mauvaises incitations soient examinées et éventuellement corrigées au niveau de la loi, grâce à une taxe d'incitation.
La politique veut appliquer le principe du pollueur-payeur
Cela signifie qu'à l'avenir, une taxe sera due pour chaque commande, selon le principe du pollueur-payeur, une sorte d'avance pour d'éventuels retours. Si les clients conservent les produits commandés, cette taxe leur sera remboursée. Ce plan doit non seulement obliger les clients à réfléchir à deux fois avant de faire leurs achats, mais aussi à protéger l'environnement.
L'objectif est de mettre les boutiques en ligne et les détaillants stationnaires sur un pied d'égalité. En effet, dans les magasins physiques, les clients doivent aujourd'hui rapporter eux-mêmes leurs produits et en supporter les coûts, en termes de temps ou de transport.
Damian Müller, conseiller aux États PLR lucernois et membre de la CEATE, déclare: «La vente en ligne est à l'origine de nombreuses nuisances économiques et écologiques. Il est donc important que le Conseil fédéral évalue avec un rapport si – et si oui, où exactement – il est nécessaire d'agir.» Ainsi, les mauvaises incitations pourraient être éliminées de manière ciblée dans un futur proche.
Les Suisses sont les champions du renvoi
Pour la proposition de son postulat, la CEATE s'est appuyée sur une étude récente qui révèle des chiffres remarquables. 7% de toutes les marchandises commandées en Suisse sont renvoyées. Cela représente un article sur 14. Dans certaines branches, notamment dans le domaine de la mode, le taux de retour atteint même 20%. En comparaison d'autres pays en Europe, personne ne renvoie autant de paquets que les Suisses.
Zalando, le géant de la vente en ligne, a même atteint un taux de retour de 50% en 2020. La moitié des produits commandés sont ainsi retournés à l'expéditeur! Plus il est facile de renvoyer des marchandises, plus cela arrive souvent.
Le problème est que non seulement ces retours coûtent très cher pour les commerçants, mais ils ont également un impact considérable sur l'environnement. Les marchandises retournées doivent être triées, nettoyées et parfois même complètement détruites. L'environnement subit les coûts de ces retours.
Zalando n'est pas impressionné par les projets de Berne
Chez Zalando, les retours font partie du modèle commercial. Cela doit rester ainsi à l'avenir. C'est pourquoi l'entreprise ne semble pas trop se soucier des projets de la Berne fédérale: «Comme il n'y a pas de cabines d'essayage au sens classique du terme dans le commerce en ligne, les retours gratuits font partie de notre service», rapporte-t-elle.
Les clientes et clients de Zalando devraient donc continuer à avoir la possibilité de ne garder que ce qu'ils souhaitent vraiment porter, et de renvoyer le reste.