Tout devient plus cher: l'électricité, les loyers, les denrées alimentaires, la mobilité. Cependant, tous les Suisses n'ont de loin pas obtenu une augmentation de salaire qui compense ou du moins atténue l'inflation.
Comment donc compenser la perte de pouvoir d'achat? Les Suisses doivent-ils désormais travailler plus pour pouvoir régler leurs factures ou maintenir leur niveau de vie habituel?
Plus de la moitié des Suisses ont ou souhaitent avoir deux emplois
C'est ce que semble suggérer l'étude «Candidate Pulse 2023» du cabinet de recrutement Michael Page, publiée ce mercredi. Selon cette étude, 15% des demandeurs d'emploi en Suisse ont déjà un deuxième emploi. 38% envisagent de franchir le pas. Ce dernier chiffre en particulier donne à réfléchir.
Le lien avec la pression sur les prix se reflète dans les chiffres. 63% des personnes interrogées ne s'attendent pas à ce que leur salaire actuel couvre l'inflation au cours des douze prochains mois. D'ailleurs, seuls 24% des demandeurs d'emploi suisses ont obtenu une augmentation de salaire au cours des deux dernières années pour compenser l'inflation.
Par conséquent, le marché du travail devient instable. Si un salaire plus élevé leur était proposé, deux tiers (66 %) des personnes interrogées en Suisse changeraient immédiatement de travail. 40% des personnes interrogées ont explicitement intensifié leur recherche d'emploi en raison de la pression inflationniste.
Le degré d'engagement des personnes interrogées n'a pas été relevé. La question relative au travail supplémentaire montre toutefois que les personnes qui ne peuvent pas compléter un emploi à 40 ou 60% ou qui n'ont pas de perspective de meilleur salaire pour un emploi à 100% ont de plus en plus tendance à compléter leur salaire par un travail supplémentaire dans la mesure où cela est possible et autorisé.
Les salaires les plus bas devraient être les premiers concernés
Une étude de la société de conseil PWC intitulée «Espoirs et craintes des travailleurs» était déjà parvenue à une conclusion similaire. Appliquée aux employés en Suisse, elle concluait qu'un travailleur sur quatre en Suisse avait déjà un ou plusieurs emplois secondaires. Seuls 38% des Suisses possèdent encore un peu d'argent sur leur compte à la fin du mois et peuvent ainsi épargner. Ces chiffres correspondent en grande partie à ceux de l'étude Page.
PWC argumente que les travailleurs suisses sont moins enclins à acquérir de nouvelles compétences ou à améliorer celles qu'ils possèdent déjà, contrairement aux travailleurs d'autres pays. Cela serait cependant nécessaire pour suivre le rythme des changements dans le monde du travail.
La raison principale d'une augmentation de salaire en Suisse était dans plus de la moitié des cas liée à la performance, comme le montre l'étude Page. Les employeurs doivent toutefois se donner les moyens d'y accéder. Ou alors, les employés doivent avoir la possibilité de se former et de se perfectionner.
Yannick Coulange, directeur du groupe Page Suisse, estime qu'il est nécessaire d'agir auprès des collaborateurs dont les salaires sont les plus bas. «Non seulement ils sont les plus touchés par l'inflation, mais c'est aussi un signe clair de la culture d'entreprise.» Les entreprises devraient signaler, par le biais d'améliorations salariales, qu'elles reconnaissent les besoins de leurs employés et qu'elles y répondent.
Qu'en est-il de l'inflation?
Claudia Bolliger, CEO de l'agence de placement zurichoise Lionstep, confirme une tendance à l'acceptation de petits boulots: «Grâce aux nouveaux intermédiaires en ligne, comme les plateformes de la gig economy Fiverr ou Upwork, ainsi qu'à l'élargissement du travail à domicile, les possibilités à cet égard ont nettement augmenté.» Mais ces tendances sont rarement liées à l'inflation selon la CEO. «En général, il s'agit de se réaliser ou d'obtenir un revenu d'appoint qui permet d'améliorer le salaire, mais qui ne serait pas obligatoire pour vivre.»
La tendance à l'augmentation des revenus complémentaires est en outre visible chez les travailleurs de tous les taux d'occupation, c'est-à-dire chez les employés à temps plein comme à temps partiel.