La réduction des rentes de veuve prévue par le Conseil fédéral suscite le mécontentement. L'association de veuves Aurora met en garde contre les lacunes de prévoyance des personnes concernées. Le PS parle d'une coupe sombre dans la politique sociale.
À l'avenir, le Conseil fédéral ne veut plus verser de rentes de survivants à vie. Les nouvelles personnes veuves ne recevront alors une rente que jusqu'au 25e anniversaire de leur plus jeune enfant. Si certaines rentes en cours seront même supprimées, cette mesure permettrait à L'AVS d'économiser 350 millions de francs en 2030 et jusqu'à un milliard à long terme.
Lors de la consultation, les fronts étaient clairs: la gauche et les Vert-e-s critiquaient les plans de démantèlement du Conseil fédéral, tandis que de l'autre côté de l'échiquier politique, on approuvait le principe. À l'époque, l'UDC avait également salué le projet et, en référence à la suppression de la rente de veuve à vie, avait parlé d'une «étape attendue depuis longtemps».
Le chef de parti fait changer de cap
Mais le vent a tourné. Lors des débats sur la 13e rente AVS ou la réforme des caisses de pension, l'UDC a bien senti que la thématique des rentes était un sujet sensible pour la base.
Le nouveau chef de parti de l'UDC, Marcel Dettling, a un sens aigu pour cela. «L'État donne des tonnes d'argent à l'étranger et veut économiser chez lui, ce qui provoque la colère de la population», dit-il à Blick. «La Confédération doit d'abord s'attaquer à elle-même avant d'économiser sur le dos des veuves.»
Image traditionnelle de la famille
Pour lui, c'est l'image traditionnelle de la famille qui est en ligne de mire, des parents mariés avec des enfants. Avec l'homme comme soutien central de la famille et la femme comme mère et femme au foyer. «La rente de veuve offre dans le mariage une protection que nous ne devons pas affaiblir unilatéralement.»
L'UDC a donc réajusté sa position et ne veut pas soutenir aveuglément la réduction des rentes de veuve. «Il faut une contrepartie», explique clairement Marcel Dettling. Et cette contrepartie, il en a déjà une idée concrète. Le chef du parti veut revoir à la baisse les rentes de couple dans l'AVS. Actuellement, les personnes mariées sont défavorisées: Les couples mariés reçoivent au maximum 150% d'une rente de vieillesse, soit 3675 francs par mois au maximum. Les concubins, en revanche, reçoivent deux rentes individuelles séparées, soit au maximum 4900 francs au total. C'est ce que Marcel Dettling souhaite changer. «Nous proposons d'adapter les rentes de veuve si, en contrepartie, le plafond des couples dans l'AVS est porté à 175% au moins. Le mariage sera ainsi mieux protégé».
Le Centre veut lui aussi changer cela avec une initiative populaire qui va jusqu'à supprimer complètement le plafonnement. Marcel Dettling prend cette revendication comme point d'appui pour ficeler un nouveau paquet. «Ce serait un signal à la population que nous ne nous contentons pas de réduire, mais que nous améliorons aussi de manière ciblée.»
Thomas Aeschi fait une proposition à la commission
Dès la semaine prochaine, la commission sociale compétente du Conseil national se penchera sur l'affaire. «Si nous n'y parvenons pas, nous devrons suspendre la réforme de la rente de veuve jusqu'à ce que l'initiative du Centre sur la pénalisation du mariage soit tranchée», explique Marcel Dettling.
Comme il ne siège pas lui-même dans la commission, le chef de groupe Thomas Aeschi présente la proposition pour un plafond plus élevé pour les couples. Le Zougois souligne que l'UDC ne peut approuver la limitation de la rente de survivant aux personnes ayant des enfants jusqu'à 25 ans que si la discrimination des couples mariés en matière d'impôts et de rentes est simultanément supprimée. «Or, c'est justement avec l'imposition individuelle que celle-ci serait encore aggravée», a déclaré Thomas Aeschi. «Un paquet concernant la rente de survivant et le plafond pour les couples mariés est donc judicieux».
Le PS ne croit pas au «marchandage»
Reste à savoir si l'UDC trouvera des alliés pour son deal. Au Centre, l'idée devrait rencontrer une certaine sympathie. Mais il examinera attentivement s'il ne vaut pas mieux se concentrer sur sa propre initiative.
L'accord ne rencontre aucun écho auprès du PS, comme le montre clairement la co-cheffe du groupe Samira Marti. «C'est bien que l'UDC découvre la politique sociale pour elle-même», dit-elle à Blick. Mais selon elle, il est faux d'opposer les veuves et les couples mariés. «L'UDC fait des veuves et des veufs les pions de ce marchandage, nous n'y participerons pas».