Le drame qui se produit en Afghanistan pourrait être une opportunité favorable pour Ignazio Cassis. Discrètement et secrètement, le chef du DFAE a réalisé un exploit en matière de politique étrangère: ce lundi, la conférence des donateurs pour l'Afghanistan se tiendra à Genève, quelques semaines seulement après la catastrophe du 15 août, lorsque la capitale Kaboul est tombée aux mains des talibans islamistes et que les illusions de l'Occident ont été brisées dans l'Hindu Kush.
La concurrence dans le domaine des bons offices est devenue de plus en plus féroce. Vienne, Stockholm et Singapour souhaitaient être médiateurs sur la scène diplomatique de la politique mondiale. Mais la Suisse tenait à accueillir cette réunion.
Un peu de répit dans le dossier européen
Le ministre suisse des affaires étrangères doit la tenue de ce meeting sur le territoire suisse à deux femmes: la secrétaire d'État Livia Leu et Pascale Baeriswyl, cheffe de la mission suisse de l'ONU à New York (USA).
La décision de l'ONU est la bienvenue pour la politique intérieure. Le président Guy Parmelin ne se tiendra pas, comme il l'a fait en juin lors de la visite de Joe Biden et de Vladimir Poutine, devant Ignazio Cassis: c'est ce dernier qui prononcera le discours d'ouverture en tant que ministre des Affaires étrangères du pays hôte. Les puissants de ce monde sont attendus; il fera ainsi face aux membres des gouvernements de Washington, Berlin et Londres. Un véritable coup d'éclat.
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Rappelons qu'il s'agit d'un moment difficile pour le magistrat PLR. Il se trouve en mauvaise posture depuis l'abandon de l'accord-cadre, étant sous le feu des critiques même au sein de son propre parti. Cette réunion lui permettra donc de souffler un peu et de redorer son blason.
Tout repose sur le soutien de la population
Cette réunion, mise en place en quelques semaines seulement, se déroulera sous une forme hybride, en présentiel et en virtuel. Elle ne portera pas sur des questions militaires, mais sur le soutien au peuple afghan. Le Conseil fédéral a en effet décidé d'augmenter l'aide humanitaire de 33 millions de francs.
Mais comment la Confédération s'assurera-t-elle que les fonds arrivent dans les bonnes mains? D'autant que le pays montagneux est classé 165e sur 179 dans l'indice de perception de la corruption? Le ministère des affaires étrangères se penche actuellement sur ces questions. Après la victoire des insurgés, plusieurs projets suisses ont été suspendus. Le département d'Ignazio Cassis répond que la Suisse travaille désormais avec des organisations internationales qui se trouvent sur le terrain et que l'aide est acheminée par l'intermédiaire de pays voisins tels que l'Iran et le Pakistan.
Ignazio Cassis est un critique de l'aide au développement
Le Comité international de la Croix-Rouge et diverses organisations des Nations unies jouent un rôle important. Selon les informations du ministère des affaires étrangères, la Suisse n'a jusqu'à présent pas été en contact direct avec les nouveaux dirigeants de Kaboul. Mais la question de la reconnaissance d'un État ne se pose pas pour Ignazio Cassis: traditionnellement, la Suisse ne reconnaît pas les gouvernements, mais les États.
Le ministre est considéré comme un critique de l'aide au développement qui a été fournie jusqu'à présent. Le Tessinois a plusieurs fois suscité la controverse, par exemple dans le domaine de l'aide à la Palestine. En interne, on s'attend à ce que le chef du DFAE commande bientôt une analyse critique de l'aide à l'Afghanistan fournie au cours des 20 dernières années. Ignazio Cassis exige que cette aide soit réformée de manière durable. La révision des pratiques de l'aide au développement de la Confédération ne se fera toutefois que lors du rapport de 2023.
Le PLR soutient son conseiller fédéral
Le rapport 2023 du gouvernement fédéral sur la coopération au développement sera la dernière occasion de procéder à un examen.
Au sein de la commission des affaires étrangères, Ignazio Cassis devrait profiter d'une majorité pour les 33 millions de francs d'aide à l'Afghanistan. Les libéraux-radicaux y soutiennent leur conseiller fédéral, mais exigent que l'argent soit lié à des projets dont l'expéditeur suisse est clairement visible.
La gauche exige quant à elle que la Confédération ne se contente pas de fournir de l'aide sur le terrain, mais qu'elle accueille aussi des réfugiés. Le PS et les Verts veulent que la Suisse accorde l'asile à 10'000 Afghans. La demande devrait être présenté au Parlement lors de la session d'hiver.