La Suisse et la Hongrie ont une chose en commun: elles ne sont actuellement pas dans les petits papiers de l’Union européenne. Ce n’est donc pas étonnant que les deux pays cherchent désormais une proximité mutuelle. Les ministres des affaires étrangères des deux pays, Ignazio Cassis et Peter Szijjarto, se sont rencontrés à plusieurs reprises au cours des derniers mois et ont décidé de renforcer leur coopération. Cette semaine, le ministre hongrois était à Genève. Dans une interview, il se défend contre les accusations de Bruxelles et appuie la position de la Suisse.
Votre homologue suisse Ignazio Cassis et vous avez récemment eu des échanges réguliers. Une nouvelle amitié se développe-t-elle entre les deux pays?
Peter Szijjarto: Absolument. Jusqu’à présent, nous avons surtout cultivé une bonne coopération économique, les échanges politiques laissant quelque peu à désirer. Ignazio et moi voulons changer cela.
À quoi devrait ressembler cette coopération?
Les deux pays accordent une grande importance à leur souveraineté respective et sont fiers de leur patrimoine, de leur culture et de leur indépendance. Nous avons beaucoup de choses en commun et je suis sûr que nous pouvons nous soutenir mutuellement.
La Suisse a laissé tomber l’accord-cadre avec l’UE. Une erreur, selon vous?
La Suisse est – ne serait-ce que géographiquement – très bien intégrée à l’Europe et constitue un partenaire naturel de l’UE. Le problème réside dans le fait que Bruxelles s’est retirée des accords déjà existants et a poussé la Suisse hors de la coopération. C’est tout à fait contraire aux intérêts de l’UE et des États membres.
Le ministre hongrois des affaires étrangères, Peter Szijjarto, a 42 ans et est un homme politique de haut vol. Il fait partie des figures de proue aux côtés du Premier ministre Viktor Orbán du parti national conservateur Fidesz. Il a été élu à l'assemblée municipale de Györ à l'âge de 20 ans, et à 24 ans, il était le plus jeune membre du parlement national. Viktor Orbán en a fait son porte-parole en 2010 et l'a nommé ministre des affaires étrangères en 2014. Peter Szijjart, qui est issu d'une famille aisée, a étudié les relations internationales et le management sportif à Budapest. Il est marié à une enseignante et père de deux garçons.
Le ministre hongrois des affaires étrangères, Peter Szijjarto, a 42 ans et est un homme politique de haut vol. Il fait partie des figures de proue aux côtés du Premier ministre Viktor Orbán du parti national conservateur Fidesz. Il a été élu à l'assemblée municipale de Györ à l'âge de 20 ans, et à 24 ans, il était le plus jeune membre du parlement national. Viktor Orbán en a fait son porte-parole en 2010 et l'a nommé ministre des affaires étrangères en 2014. Peter Szijjart, qui est issu d'une famille aisée, a étudié les relations internationales et le management sportif à Budapest. Il est marié à une enseignante et père de deux garçons.
Vous comprenez donc pourquoi la Suisse a arrêté les négociations?
Je regrette que l’accord ne se soit pas concrétisé. Mais je comprends qu’un pays ne veuille pas renoncer à certaines parties de sa souveraineté.
Le Premier ministre Viktor Orbán parle de l’UE comme d’un «empire européen». Dans quelle direction l’UE doit-elle se développer?
Nous ne voulons absolument pas des États-Unis d’Europe. L’UE est forte lorsque les États membres sont eux-mêmes souverains et forts. Cela signifie qu’il faut cesser d’accorder plus de compétences à Bruxelles! En outre, nous devons accroître la compétitivité, y compris entre les États membres, car cela augmentera également la compétitivité de l’ensemble de l’UE.
Qu’est-ce que vous entendez par là?
Il faut oublier l’idée communiste d’harmonisation fiscale, ainsi que celle d’un impôt minimum mondial.
Pour l’UE, la Hongrie est actuellement le mouton noir parmi les États membres. Bruxelles accuse Orbán de restreindre la liberté des médias, par exemple. La Hongrie dit-elle adieu à la démocratie?
Tout ce qui se passe en Hongrie repose sur des élections menées de manière démocratique. Ce que l’Europe occidentale ne comprend pas, c’est que nous ne sommes pas des représentants de la gauche et du courant libéral. Notre politique est clairement orientée vers l’autre côté, vers les intérêts nationaux, la pensée patriotique et démocrate-chrétienne. C’est pourquoi nous sommes toujours la cible d’attaques.
Néanmoins, la liberté des médias a été restreinte.
Non. Il y a beaucoup de médias de premier plan qui critiquent le gouvernement, d’un autre côté, il y a aussi beaucoup de médias conservateurs. Le problème de Bruxelles est qu’elle ne veut tout simplement pas comprendre que tous les médias en Hongrie ne soient pas libéraux.
L’ancien président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a également salué Viktor Orbán en lui disant «Bonjour dictateur». Le Premier ministre hongrois est-il un dictateur?
Au contraire. Il est le chef de gouvernement le plus démocratique d’Europe. Viktor Orbán a participé à nos huit élections depuis la chute du communisme. Quatre fois il a gagné, quatre fois il a perdu. Il a toujours accepté ses défaites et n’a jamais baissé les bras.
Une loi, censée protéger les enfants du point de vue de la Hongrie, mais discriminant les homosexuels et l’ensemble de la communauté LGBTQ du point de vue de Bruxelles, a suscité une grande indignation dans l’UE. La Hongrie est-elle un pays homophobe?
Ceux qui critiquent la loi ne l’ont pas lue. Elle ne dit qu’une chose: l’éducation sexuelle des enfants de moins de 18 ans est de la responsabilité exclusive des parents. Par exemple, il est interdit aux organisations de parler d’homosexualité ou de changement de sexe dans les jardins d’enfants ou les écoles. Cependant, la loi n’interdit pas à un homme d’aimer un homme ou à une femme d’aimer une femme.
Dans quelques jours, la Suisse votera sur le mariage pour tous. Comment décideriez-vous?
En Hongrie, la constitution stipule que le mariage est réservé à un homme et une femme et qu’une famille se compose d’un père, d’une mère et d’enfants. Mais je ne critique pas ceux qui pensent différemment. Je voterais certainement contre.
Sous le coup de la colère, l’UE retient des millions d’euros destinés à la Hongrie. Qu’est-ce que vous répondez à cela?
C’est du chantage. Ces contributions ne sont pas des dons humanitaires versés par générosité, mais font partie d’un contrat que l’UE et la Hongrie ont conclu. Cet argent nous appartient. Il ne faut pas non plus oublier que 70% de l’ensemble des fonds de l’UE destinés aux États de l’Est reviennent aux pays occidentaux par le biais des entreprises.
En raison du différend avec l’UE, la Suisse retient également le milliard de cohésion destiné aux États d’Europe de l’Est, dont environ 88 millions de francs iraient à la Hongrie. Si vous étiez à notre place, est-ce que vous payeriez?
Pour nous, la coopération entre la Suisse et l’UE ne consiste pas à payer l’argent ou non. Il est plus important que l’UE établisse des partenariats externes avec des partenaires comme la Suisse. Et c’est là que la Commission européenne commet l’erreur de mettre ce partenariat en danger.