Mercredi sur les plateformes de Blick, l’Union syndicale suisse (USS) annonçait interrompre sa récolte de signatures pour l’initiative sur les bénéfices de la Banque nationale (BNS) pour se concentrer sur le lancement d’un référendum contre la réforme de la prévoyance professionnelle (LPP). Un projet actuellement examiné au Parlement. «Avec la proposition du Conseil des Etats, salariés et employeurs devraient désormais verser 3 milliards de francs de cotisations supplémentaires par an, développait le conseiller national socialiste vaudois Pierre-Yves Maillard. En contrepartie, le taux de conversion baisserait. La baisse générale des rentes qui s’ensuivrait n’est pas acceptable.»
Avant de se lancer dans la récolte de signatures, l’ex-conseiller d’Etat aura l’occasion de défendre son point de vue au sein de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national (CSSS), qui se réunira jeudi pour discuter du projet de réforme du 2e pilier. L’objectif de «PYM» sera alors de convaincre ses collègues des partis bourgeois d’accepter le compromis négocié entre patronat et syndicats. Compromis dans un premier temps repris par la Confédération, avant d’être balayé par la droite.
«Pierre-Yves Maillard refuse la discussion»
«Le compromis des partenaires sociaux n’avait aucune chance dès le départ», rétorque d’ores et déjà Philipp Matthias Bregy, chef du groupe parlementaire du Centre. Pire, il estime qu’avec son annonce de référendum avant même que le Parlement ne se soit prononcé définitivement sur la réforme, Pierre-Yves Maillard refuse de fait la discussion.
Pour lui, le modèle proposé par le Conseil des Etats aide notamment les bas salaires à obtenir de meilleures rentes. «Ainsi, nous adaptons la prévoyance professionnelle aux conditions de vie de la société, appuie Philipp Matthias Bregy. Les syndicats, en revanche, veulent affaiblir le deuxième pilier: ils préfèrent injecter plus d’argent dans l’AVS.»
L’annonce très précoce de ce référendum fait aussi grincer les dents de la conseillère nationale vert’libérale Melanie Mettler. «L’opposition des syndicats et la rupture prématurée des négociations sont totalement incompréhensibles, s’insurge la Bernoise. Leurs demandes, soit de meilleures rentes pour les femmes et les bas salaires, sont largement satisfaites par la réforme proposée!»
La réforme réduirait de risque de pauvreté des retraitées, selon la droite
Le conseiller national libéral-radical Andri Silberschmidt n’est, lui, pas étonné par l’annonce de Pierre-Yves Maillard. «Il était clair dès le départ que le référendum serait lancé si nous nous écartions ne serait-ce que d’un millimètre de la solution proposée par le Conseil fédéral (ndlr: fruit du compromis entre patronat et syndicats)», lance le Zurichois. A ses yeux, le projet de réforme actuel diminue massivement le risque de pauvreté des retraités et des retraitées, aussi pour les femmes et les personnes travaillant à temps partiel.
La CSSS du National pourrait toutefois encore serrer quelques vis. Le supplément de rente actuellement sur la table risque d’échauffer encore les esprits. «Le cercle des bénéficiaires de ce supplément est encore trop large dans le modèle de réforme proposé par le Conseil des Etats», estime par exemple Andri Silberschmidt. Au contraire de Melanie Mettler, qui souhaite que le nombre de bénéficiaires soit élargi, pour que 60% des personnes arrivant à la retraite touchent au moins un supplément de rente partiel.