Très combative
L'USS veut des hausses réelles de salaire

Face à l'accroissement de la précarité et des inégalités, les syndicats ne se satisfont pas des hausses salariales obtenues dans de nombreuses branches pour 2023. L'USS réclame notamment un salaire minimum de 4500 francs.
Publié: 09.01.2023 à 10:54 heures
Le président de l'USS Pierre-Yves Maillard a vivement critiqué la politique de la Fed et de la BCE, qui «nous font aller dans le mur».
Photo: PETER SCHNEIDER

Les perspectives conjoncturelles se sont quelque peu améliorées après deux ans de coronavirus, lit-on dans un communiqué publié lundi par l'Union syndicale suisse (USS), dans le cadre de sa conférence de presse annuelle présentant notamment son rapport sur l'évolution des revenus et de la richesse.

Aux yeux de l'organisation, il importe que le pouvoir d'achat suive le rythme de la production globale, sinon la demande sera insuffisante.

Les syndicats se félicitent d'avoir obtenu pour 2023 des hausses substantielles de salaire de 2,5% pour les branches conventionnées, avec une inflation 2022 à 2,8%. Mais ils estiment cela insuffisant eu égard au «besoin de rattrapage» et à l'inflation.

«Un salaire doit permettre de vivre»

L'USS demande des augmentations réelles de salaires, une compensation automatique du renchérissement et diverses revalorisations ciblées.

«Un salaire doit permettre de vivre. Il ne doit pas y avoir de salaire inférieur à 5000 francs pour les titulaires d’un certificat d'apprentissage (CFC) et de moins de 4500 francs pour tout le monde», estime Daniel Lampart, économiste en chef de la faîtière.

La centrale syndicale réclame aussi une hausse des subsides maladie, les primes ayant atteint un niveau insupportable pour de nombreux ménages. Elle plaide aussi pour une revalorisation des métiers majoritairement féminins, comme les soins, qui restent «moins bien rémunérés», ainsi qu'une participation des employeurs aux réductions de temps de travail.

Aujourd'hui, les personnes à bas ou moyens revenus gagnent moins qu’en 2016, en tenant compte de l'inflation, pointe l'organisation. A l'inverse, les personnes situées dans les 10 % des revenus les plus élevés ont, elles, «bénéficié de généreuses augmentations». Ce creusement des inégalités doit être combattu, aux yeux de l'USS.

Celle-ci relève, analyses à l'appui, que «les améliorations en matière de salaire ne font généralement pas grimper le chômage». Son président Pierre-Yves Maillard a fait l'éloge des conventions collectives de travail (CCT), qui contribuent à la qualité du travail et aux gains de productivité, selon lui.

Un besoin de plus d'égalité

«Sans le travail accompli par les syndicats, la seule réponse à l’inflation aurait été le tour de vis des banques centrales, qui alimente la récession. Or les travailleuses et travailleurs attendent à juste titre une autre réponse à cette situation, à savoir le renforcement de leur pouvoir d’achat», a-t-il plaidé.

Et d'annoncer: «Le besoin de plus d'égalité sera au coeur du 175e anniversaire de la Suisse moderne (en 2023). «Les politiques fiscales ont creusé les inégalités, et au moment où l'inflation survient et la récession menace, on ne perçoit aucune inflexion dans les politiques suivies.»

Très combative, l'USS a prévenu les «pouvoirs dominants» qu'ils seraient bien inspirés de prendre en compte les revendications syndicales et affirmé que le modèle de production actuel «générait toujours plus de perdants».

Mobilisation prévue

Pierre-Yves Maillard s'en est pris sans détour aux banques centrales, accusant la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne de provoquer sciemment récession et chômage. On appelle ça foncer dans le mur», a-t-il tonné. L'explosion de la pauvreté en France et en Allemagne notamment en est une conséquence.

L'USS regrette encore une évolution délétère à ses yeux: «Jusqu’en 1990, les horaires de travail habituels raccourcissaient d'une à deux heures par semaine par décennie environ - avec maintien du salaire. Par la suite, les travailleurs «ont dû financer de leur poche toute réduction du temps de travail, en optant pour un emploi à temps partiel et donc pour un salaire plus bas», critique-t-elle.

Les syndicats annoncent vouloir se mobiliser notamment lors de la grève féministe le 14 juin afin de mettre en avant leur volonté que «le travail soit rémunéré à sa juste valeur».

(ATS)

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