«Les eaux souterraines du canton de Fribourg sont très impactées par des résidus de pesticides de synthèse», constatent le WWF et Pro Natura dans un communiqué ce mercredi en fin d’après-midi. Après nos révélations de la semaine dernière, les deux organisations, à l’instar de Blick, ont obtenu – sur demande – les données brutes du rapport finalisé par le Service de l’environnement (SEn) de l’Etat de Fribourg sur la contamination des eaux souterraines de son territoire.
WWF et Pro Natura, qui militent pour le «2X OUI» aux initiatives anti-pesticides dimanche, ont fait analyser ces mesures effectuées sur 45 sites différents et couvrant une cinquantaine de pesticides de synthèse par «deux hydrogéologues indépendants».
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Résultat: «les prélèvements […] les plus propres proviennent à une exception près des zones situées dans les Préalpes, alors que la totalité des prélèvements issus des régions cultivées sont contaminés dans des proportions importantes». Les deux associations rappellent que, selon l’Ordonnance fédéral sur la protection des eaux (OEaux), «les eaux souterraines ne doivent pas contenir de substances de synthèse persistantes».
Blick a également soumis ces données à un expert indépendant, grand connaisseur du canton, membre d’aucun des comités d’initiative. Il a toutefois souhaité garder l’anonymat «pour ne pas engager son employeur». Ce dernier valide le travail d’analyse présenté par Pro Natura et le WWF. «Je ne peux en revanche pas commenter les données sur les terres cultivées, car je n’ai pas pu les vérifier. Mais plus personne ne conteste que les pesticides dans les eaux souterraines proviennent de l’activité agricole», écrit notre spécialiste. Sans avoir accès au rapport du SEn, impossible de parler des dépassements des valeurs limites, avertit par ailleurs l’hydrogéologue.
«La qualité des eaux souterraines n’a probablement pas changé»
Impossible également de percevoir l’évolution entre le dernier rapport du Plan sectoriel des eaux, qui portait sur la période 2010-2014, et les mesures effectuées en 2020. «La qualité des eaux souterraines est probablement la même aujourd’hui. Mais le nombre de substances analysées est plus élevé: à l’époque, seules 20 avaient pu être passées au crible. On voit donc logiquement que les eaux souterraines sont beaucoup plus touchées aujourd’hui que ce que nous pouvions le penser en 2014.»
Selon nos informations, certaines points de mesures contenus dans le rapport du SEn montrent toutefois de moins bons résultats. «De manière générale, nous ne constatons pas d’amélioration significative par rapport à la période 2010-2014, avait concédé le président du Conseil d’Etat Jean-François Steiert. Il faut agir.»
Le socialiste avait par ailleurs assuré que les tendances correspondent à celles présentées par l’Office fédéral de l’environnement en 2019. Pour mémoire, le Conseil d’Etat est en train de préparer son plan phytosanitaire, dont le but est de réduire l’impact des pesticides.