Querelle à la gare centrale de Zurich
«On ne pense pas à nous, les chauffeurs de taxi!»

Les chauffeurs de taxi de la gare centrale de Zurich ont les nerfs à vif. Les places de stationnement de la plus grande gare de Suisse posent de gros problèmes. De plus, la nouvelle loi sur les taxis risque d'entraîner un chaos au niveau des prix.
Publié: 23.12.2023 à 14:19 heures
Le chauffeur de taxi Ali Aryantash se sent ignoré dans le cadre du réaménagement de la place de la gare.
Photo: Joschka Schaffner
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Joschka Schaffner

C'est le matin, on se trouve sur la place de la gare de Zurich. Le chauffeur de taxi Ali Aryantash fait le tour des places de parc avec un air affligé. «Ici, c'est la pagaille», lance-t-il. Trop peu d'espace, des bordures de trottoir trop hautes en raison de l'élargissement de l'arrêt de bus et une sortie trop étroite.

La gare centrale de Zurich est le point névralgique des taxis de la ville, les tarifs sont élevés et les places de stationnement sont disputées. Les CFF, ainsi que la ville, espèrent depuis longtemps moins de transport motorisé de personnes devant les entrées de la gare. De plus, une nouvelle loi sur les taxis entrera en vigueur dans le canton à partir du 1er janvier.

Bordures de trottoir tranchantes, carrosserie rayée

Certains sont donc à fleur de peau. Les chauffeurs de taxi indépendants se sentent ignorés après la rénovation de l'aile sud du bâtiment. En effet, lorsque la ville a remis en état les places de stationnement des taxis, il en manquait soudainement une, passant de douze à onze espaces dédiés. Selon de nombreux chauffeurs de taxi, beaucoup d'éléments architecturaux ont été complètement ratés.

«Les bordures de trottoir sont coupantes», déclare le chauffeur Amad Zuber. Il transporte depuis une dizaine d'années des voyageurs dans la région. «Des jantes ont déjà été cassées.» Et en raison de l'étroitesse de la rue, des rétroviseurs ont mal fini. Un autre chauffeur de taxi qui attendait des clients sur la place de la gare ce jour-là en sait quelque chose. Il pointe du doigt une profonde éraflure sur le côté gauche de sa carrosserie. «Avant-hier, une ambulance a voulu passer par ici», raconte-t-il.

L'incident est symptomatique, soulève Ali Aryantash. Il reproche à la ville de ne pas avoir suffisamment pensé à la sécurité des chauffeurs de taxi. «Si quelque chose devait brûler ici, personne ne pourrait s'en sortir, assure-t--il. On ne pense pas à nous, les chauffeurs de taxi!» Au service des travaux publics de la ville de Zurich, qui était responsable du réaménagement des places de taxi, on ne comprend pas ces inquiétudes. «Même en cas d'urgence, la zone peut être quittée par la sortie normale», fait savoir une porte-parole interrogée.

George Botonakis, président de l'association des taxis de Zurich, s'étonne des plaintes des chauffeurs de taxi de la place de la gare. «Aucun problème n'a été porté à notre connaissance jusqu'à présent», affirme-t-il. Il compte malgré tout se renseigner par lui-même une nouvelle fois.

Entente sur les prix à la place de la gare

Quelques heures plus tard, il se tient sur la place de la gare avec un mètre ruban et prend des mesures. «Tout est conforme aux règles», conclut-il. Il ne donne raison aux chauffeurs de taxi que sur deux points. Premièrement, la sortie est en réalité un défaut mineur. «Les conducteurs prudents peuvent gérer cela sans aucun problème», assure George Botonakis. Deuxièmement, en cas d'urgence, ce serait tout de même un peu serré.

«Les conducteurs de la place de la gare n'hésitent pas à se plaindre dès qu'ils peuvent», fait remarquer le président de l'association. Pourtant, ce sont eux qui, par leurs accords sur les prix, influencent négativement le marché des taxis de la ville.

On peut douter que la transformation de la gare soit en réalité la raison principale du mécontentement des chauffeurs de taxi. Les nerfs sont plutôt à vif à cause de la nouvelle loi sur les taxis. Dès janvier 2024, les taxis ne seront plus gérés par la ville, mais par le canton. Désormais, les chauffeurs extra-urbains pourront également transporter des personnes à Zurich. «Encore plus de taxis!, craint Ali Aryantash. Alors que nous n'avons déjà pratiquement plus de place en ville.»

La nouvelle loi sur les taxis devrait entraîner une baisse des tarifs

En revanche, une obligation d'enregistrement et un certificat de langue plus strict pour les chauffeurs s'imposent. Les services de limousines comme Uber ou les prestataires de luxe sont enfin inclus.

Les tarifs seront désormais calculés de manière uniforme dans tous les cantons et devront être affichés de manière transparente sur les véhicules. L'association des taxis de Zurich s'attend à ce que la nouvelle loi fasse baisser les prix des taxis de 30%. Pour Ali Aryantash, c'est incompréhensible: «Tout devient plus cher et les chauffeurs de taxi sont censés gagner encore moins?» Surtout que les recettes ont déjà chuté de moitié depuis la pandémie.

De toute façon, la baisse des prix est avant tout une recommandation. Car en même temps, le tarif maximum fixé jusqu'à présent est supprimé. Cela pourrait donc aussi aller dans l'autre sens. «Certains baissent les prix, d'autres pratiquent des prix abusifs — cela va créer un grand chaos», prédit Ali Aryantash.

George Botonakis est, lui aussi, conscient du problème. Il voit néanmoins un potentiel dans les nouveaux tarifs. «Nous nous attendons à ce que les chauffeurs qui baissent les prix aient plus de clients et donc plus de revenus», assure-t-il. 

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