Une forte bise soufflait sur le visage des manifestants alors qu’ils défilaient le long de la Limmat de Zurich jeudi dernier. Près de 500 opposants aux mesures s’étaient rassemblés pour protester contre le port obligatoire du masque dans les écoles.
On les connaît bien, depuis le temps. Les groupes habituels étaient de la partie: «Freiheitstrychler», sceptiques en tous genres voire conspirationnistes notoires.
Ensemble, ils ont défilé devant le bâtiment de la Direction de l’instruction publique. La police a bloqué les rues et les trams ont circulé avec du retard. La procédure semblait bien rodée.
328 manifestations en 334 jours
Un spectacle presque identique peut être observé quasi quotidiennement à Zurich. En 334 jours, de début janvier à fin novembre, 328 manifestations ont eu lieu dans le centre-ville. Du jamais-vu. Et ce, malgré les limitations de rassemblées édictées au printemps.
Zurich n’est pas la seule à subir une avalanche de manifestations. D’autres villes suisses enregistrent également des chiffres records: à Bâle par exemple, près de 250 manifestations ont eu lieu cette année, soit 40% de plus qu’en 2020. C’est principalement le nombre de défilés non autorisés qui a fortement augmenté.
A Lucerne, le nombre de manifestations a plus que doublé par rapport à l’année précédente. Chaque semaine, des coronasceptiques parcourent la ville lors de ce que certains appellent à présent les «promenades du lundi soir». La police a dû intervenir à plusieurs reprises.
Émeutes à Berne
La tendance vers une augmentation du nombre de manifestations se faisait déjà sentir dans les villes depuis plusieurs années. Activistes pour le climat, Kurdes, syndicats – le week-end, plusieurs défilés se déroulent, souvent en parallèle.
En 2021, cette soif de protestation a atteint un nouveau sommet. Les manifestations des opposants aux mesures sanitaires en sont en grande partie responsables. Presque tous les jours, ils défilent quelque part en Suisse, parfois en petits groupes, parfois par milliers, souvent sans autorisation.
A Berne, les coronasceptiques ont manifesté plusieurs fois par semaine. Des débordements ont eu lieu devant le Palais fédéral à quelques reprises.
Vendredi encore, des opposants aux mesures se sont rassemblés sur la Place fédérale pour une manifestation non autorisée. La protestation est restée pacifique.
Toujours davantage de manifestations illégales
La capitale fédérale n’enregistre pas systématiquement les manifestations illégales. La police bernoise ne peut donc pas donner de chiffre précis. Christina Steffen, porte-parole de la direction de la sécurité, déclare à propos des cortèges des coronasceptiques: «Selon nos observations, les manifestations non autorisées ont nettement augmenté ces derniers mois».
Andreas Zürcher, administrateur de la «City Vereinigung Zürich» (l’association de la ville) fait part de l’agacement des commerçants et des riverains: «Les manifestations incessantes sont un énorme problème pour le commerce de détail depuis des années. Nous reconnaissons le droit constitutionnel à la liberté d’expression. Toutefois si les mêmes revendications sont défendues dans les rues toutes les quelques semaines, notre compréhension atteint ses limites».
Le droit de manifester doit être subordonné à l’économie?
Selon Andreas Zürcher, les premiers a en faire les frais sont les clients qui «souhaitent flâner dans le centre-ville de Zurich et faire leurs achats sans être dérangés». Ils se sentent mal à l’aise lors des manifestations bruyantes et envahissantes. Cette gêne est particulièrement exacerbée lorsque le tram doit être dévié. En conséquence, les commerçants de détail annonce des pertes de chiffre d’affaires.
Andreas Zürcher ne cache pas son agacement et exige du changement: «Les autorités devraient avoir le courage d’empêcher les manifestations qui sont organisées pour la énième fois avec toujours les mêmes revendications, ou de ne les autoriser que sur des itinéraires moins attrayants».
(Adaptation par Alexandre Cudré et Jessica Chautems)