Aldi Suisse instaure une transition à l'automne pour le moins frappante, en baissant les prix de la viande fraîche dès le 2 septembre. L'entreprise ajoute que cela sera fait de manière durable, et avec une remise allant jusqu'à 36%. Cette mesure concerne l'ensemble de l'assortiment de viande non transformée destinée à la cuisson.
Trois exemples qui montent la baisse de prix: 500 grammes de viande de bœuf hachée coûtent presque deux francs de moins, soit désormais 5,99 francs. Un kilo de cuisse de poulet nature est vendu 35% moins cher, à 5.49 francs. Et pour le filet de porc, le prix des 100 grammes passe de 3,99 à 2,99 francs.
L'enseigne associe cette «campagne de grande envergure», comme elle la qualifie, à une offensive de qualité. Ainsi, le détaillant, qui s'est étendu en Suisse en 2005, veut augmenter dans ce pays la part de viande certifiée IP-Suisse et bio. Actuellement, Aldi propose sous sa propre marque BIO «retour aux sources» de la viande issue d'élevages sans antibiotiques.
Baisse de la consommation de viande et clientèle sensible au prix
Cette baisse de prix coïncide avec une baisse de consommation de viande, en raison de son impact sur l'environnement. Si la consommation de viande par habitant demeure relativement stable en Suisse, l'année dernière elle est passée sous la barre des 50 kilos annuels par individu. C'est la première fois depuis de nombreuses années.
En parallèle, l'inflation rend les consommateurs beaucoup plus attentifs aux prix. La lutte entre Aldi, Lidl et Denner est donc de taille pour savoir qui présente le meilleur rapport qualité-prix. Et concernant la viande fraîche, c'est dorénavant Aldi qui pratique les prix les plus avantageux face à la concurrence.
Interrogée par Blick, Denner, la filiale de Migros, a fait savoir qu'elle proposerait ses propres prix concurrentiels à partir du 9 septembre, tout en gardant le suspense sur les produits concernés. Lidl annonce ne pas pouvoir faire de déclarations sur les futurs prix de vente.
Les fournisseurs obtiennent le même prix qu'auparavant
Plusieurs signes indiquent que les prix réduits de la viande fraîche doivent effectivement être considérés comme une déclaration de guerre. Ainsi, plusieurs sont quelque peu étonnés par la démarche d'Aldi. «Dans la situation actuelle du marché des animaux et de la viande, il ne semble pas y avoir de raison de baisser les prix», fait savoir l'Union Professionnelle Suisse de la Viande (UPSV), qui calcule régulièrement les prix de vente avec des marges individuelles pour plus de 200 PME de la branche. Chaque entreprise est toutefois libre de procéder à des baisses de prix de son propre chef. «Nous nous trouvons dans un marché libre.»
Pour réussir son coup, Aldi est même prêt à prendre la baisse de prix à sa charge. «Les fournisseurs recevront la même somme qu'auparavant», promet le magasin, qui souhaite plutôt répercuter sur la clientèle les avantages de prix résultant de l'optimisation des processus. En d'autres termes: Aldi renonce sciemment à des gains de marge.
«Les acheteurs de viande sont des clients précieux»
Un expert de la branche considère les baisses de prix d'Aldi comme une «manœuvre intéressante». La viande est l'exemple type de produits que les Suisses achètent dans les pays voisins. En Allemagne, par exemple, la viande est deux à trois fois moins chère. En baissant leurs prix, Aldi misent sur le fait que leurs clients cesseront de se fournir au-delà des frontières helvétiques.
En outre, différentes études ont montré que la viande a des effets dits de groupe. En d'autres termes, les personnes qui achètent de la viande ont généralement besoin d'autres produits. En plus de l'escalope, il y a donc aussi un paquet de nouilles, quelques légumes et le vin rouge correspondant dans le caddie. «Les acheteurs de viande sont des clients précieux», résume l'expert de la branche. Et Aldi veut les conquérir, grâce à des prix plus bas.