Des pauses midi conviviales
Malgré l’inflation, plus d’un Suisse sur quatre dîne au resto

Les Suisses mangent toujours plus vite et moins cher à midi, mais déjeuner au restaurant reste une option très appréciée pour plus d’un quart des salariés. Le lunch représente près de 9 milliards de francs par an pour le secteur de la restauration.
Publié: 20.08.2024 à 11:01 heures
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Dernière mise à jour: 20.08.2024 à 13:48 heures
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«Pour la plupart, ce break au milieu de la journée de travail constitue un moment convivial, idéal pour échanger et tisser des liens avec ses collègues ou ses amis», affirme Ivan Brustlein. (image d'illustration)
Photo: Getty Images
Carole Berset

Révolue, l’époque où l’on passait des heures au restaurant pour savourer un menu avec entrée-plat-dessert (souvent accompagné d’un verre de vin), avant d’attaquer la suite de sa journée de travail. Les longs déjeuners professionnels ont aujourd’hui quasiment disparu, tant en Suisse allemande que romande. 

Mais bien que le temps consacré à la pause de midi ait largement diminué depuis une vingtaine d’années, et malgré l’inflation, les employés helvétiques apprécient toujours de faire un «vrai» break, selon une enquête menée par Swibeco l’an dernier.

La société, émettrice de la Lunch Card, publie chaque année depuis 2017 une étude concernant les habitudes des salariés en matière de repas. Principal constat: 77% des Suisses ont fortement ressenti les effets de l’inflation durant l’année 2023. C’est près d’un quart de plus qu’en 2022. Conséquence: les budgets alloués au repas de midi ont nettement diminué. Aujourd’hui, près de 37% des sondés ne dépensent plus que 10 à 15 francs par jour, contre 15 à 20 francs en 2022. 

«Les salaires étant restés plus ou moins stables, l’inflation a eu pour effet de réduire la portion dédiée à ces repas pour une partie de la population, souligne Ivan Brustlein, fondateur de Swibeco. Pour 22% des personnes interrogées, le prix constitue désormais le critère déterminant lorsqu’il s’agit de choisir dans quel établissement manger à midi.»

L'inflation n'y change rien

Surprenant dans un contexte d’inflation, de plus en plus de salariés font le choix du restaurant: ils étaient ainsi 26% en 2023, soit 13% de plus qu’en 2022. De bon augure pour les restaurateurs? «Les salariés qui mangent au restaurant le font à une cadence d’une, voire deux fois par semaine, pour un prix d’environ 28 francs par repas, précise Ivan Brustlein. Les menus et les plats à emporter restent en outre prisés par près de la moitié des salariés. Depuis le Covid, nous avons également constaté une augmentation conséquente des repas livrés à domicile ou au bureau.»

La capacité des établissements à s’adapter et à innover semble ici indispensable. Laurent Terlinchamp, président de la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers de Genève relevait ainsi dans l’hebdomadaire «GHI» la créativité dont fait preuve le secteur dans le canton, ainsi que la multiplicité des concepts novateurs mis en place afin de répondre à ces nouvelles tendances. 

Le «Reflet économique de la branche» 2024, publié par la fédération de l’hôtellerie et de la restauration GastroSuisse, souligne néanmoins la diversité des situations: bien que certains établissements aient enregistré des résultats record durant l’année 2023, d’autres luttent pour leur survie, malgré un bon chiffre d’affaires.

Deux établissements sur trois n'ont pas retrouvé le niveau d'avant-pandémie

Au final, deux établissements suisses sur trois (66,3%) n’ont pas réussi à retrouver leur taux d’activité pré-pandémie durant le service du midi, selon le «Reflet économique de la branche». Au-delà de l’inflation, les changements d’habitudes de consommation, notamment au travers de l’adaptation des heures d’ouverture et de l’offre de certains commerces, de la diminution des repas d’affaires et de l’augmentation du télétravail, expliquent en grande partie cette baisse de la fréquentation. «Lorsqu’ils mangent à l’extérieur, les salariés privilégient plutôt des options peu chères, que l’on peut par exemple trouver dans les food trucks, les épiceries ou des points de vente comme Coop Pronto», indique Ivan Brustlein.

Beaucoup de salariés se tournent vers les food trucks, les épiceries ou la Coop Pronto pour limiter les coûts. (Image d'illustration)
Photo: keystone-sda.ch

La situation peut se révéler critique pour certains établissements lorsqu’on sait que les Suisses ont alloué 8,840 milliards de francs à leurs repas de midi en 2023, et que le temps compris entre 11 et 15 heures constitue le moment de la journée où la population dépense le plus en matière d’alimentation. 

Laurent Terlinchamp se montre toutefois optimiste: «L'inflation touche les consommateurs, c'est une réalité. Mais la palette d'offres que propose le secteur permet de répondre aux goûts et au pouvoir d'achat de l'ensemble de la population.»

30 minutes de pause minimum

En 2023, la majorité des Suisses se sont accordé une pause de midi pouvant aller de 30 à 60 minutes. Seuls 2,4% des sondés se sont satisfaits de moins de 15 minutes. Pour rappel, la loi fédérale impose un minimum d'une demi-heure de pause pour une journée de sept heures, et d’une heure si celle-ci dépasse neuf heures de travail.

«Plus de 80% des salariés consacrent au minimum 30 minutes à la pause de midi, et près d’un cinquième dépassera même une heure, détaille Ivan Brustlein. Pour la plupart, ce break au milieu de la journée de travail constitue un moment convivial, idéal pour échanger et tisser des liens avec ses collègues ou ses amis. Il peut aussi être l’occasion de prendre un peu de temps pour soi, faire du sport, avant de retourner à ses tâches avec un regain d’énergie.» Selon l’enquête, environ 87% des personnes interrogées s’estiment en effet plus productives après une telle pause.

En collaboration avec Large Network

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