La plainte des librairies Payot déposée en septembre dernier a abouti, annonce la Commission de la concurrence (Comco) dans un communiqué. La Comco a ouvert une enquête sur les prix des livres français livrés en Suisse. Motif: ces montants seraient exorbitants au regard des tarifs pratiqués chez nos voisins.
Comment est-ce possible? Environ 90% de cette marchandise arrive via la société Madrigall, holding de Gallimard. Or, comme il n’y a qu’un seul fournisseur, la concurrence ne pourrait pas agir sur les prix, qui seraient bien trop élevés, assure le patron de Payot. Pascal Vandenbergue allait même plus loin dans sa missive, dénonçant un véritable «racket» des clients de notre pays.
Concrètement, l'éditeur est accusé de facturer les ouvrages bien trop cher, s'en mettant plein les poches au passage. Le groupe éditorial français, qui regroupe une quinzaine de maisons d’édition prestigieuses dont les géants Flammarion, Casterman ou la Pléiade, limiterait «de façon illicite la possibilité pour les libraires suisses de se fournir en France à de meilleures conditions», résume le communiqué. La Comco devra donc déterminer si cette société s’est comportée de manière abusive au regard de la loi sur les cartels.
Un rôle d’intermédiaire
Le fournisseur, ou diffuseur, joue le rôle d’intermédiaire. C’est lui qui décide du montant qui sera demandé pour les ouvrages. Or, il ne serait pas justifié au regard des taux de change entre les deux pays et des charges, dénonce Pascal Vandenberghe. Il dépasserait celui appliqué en France de 60 à 80%. Alors que seule une différence de 15% pourrait être admissible, selon le spécialiste.
Au total, environ 80% des ouvrages vendus en Suisse romande proviennent de France, avance «Le Temps». En 2012, Pascal Vandenberghe avait passé un accord avec Gallimard et Flammarion de façon à obtenir la marchandise de manière plus directe. Un accord qui n’avait tenu que sur le papier, puisque les éditeurs avaient finalement fait marche arrière, rappelle le quotidien.
En 2013, treize diffuseurs avaient déjà été sanctionnés par la Comco et sommés de revoir leur contrat de diffusion-distribution. L’instance fédérale leur avait infligé une amende de près de 17 millions de francs. Mais la situation est restée inchangée depuis.