Vendredi, le Conseil fédéral se trouvera une nouvelle fois à la croisée des chemins: il devra choisir entre durcir les mesures anti-Covid existantes ou alors les laisser comme elles sont. Mardi, il proposait divers pistes envisageables et les soumettait à la consultation des cantons et des milieux économiques. Ces derniers ne lui faciliteront pas la tâche: les premières prises de position publiées fustigent largement les propositions du Conseil fédéral. Seule l'extension de l'obligation de porter un masque reste incontestée. Le reste (tests en série dans les écoles, obligation élargie du certificat y compris en privé, travail à domicile) est majoritairement rejeté.
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Ainsi, dans leurs réponses aux propositions du Conseil fédéral, les gouvernements argovien, tessinois, soleurois, fribourgeois, glaronnais, bernois et bâlois s'opposent-ils à l'obligation de détenir un certificat lors de réunions privées à plus de onze personnes. «Impossible à contrôler», fustige le président du Conseil d'État tessinois Manuele Bertoli. L'Argovie prédit une ruée sur les tests à l'approche des fêtes qui mènerait à des goulets d'étranglement.
Opposition aux tests scolaires
Les cantons de Berne, du Valais, de Fribourg et du Tessin rejettent eux l'obligation aux écoles obligatoires de procéder à des tests répétitifs. Les cantons de Suisse orientale rejettent même «catégoriquement» une telle obligation, car elle entraînerait une surcharge de la logistique et des laboratoires. Pour le canton d'Argovie, une obligation est «impossible à mettre en œuvre.» Seul le canton de Soleure est favorable aux tests répétitifs obligatoires dans les écoles et à la limitation de la durée de validité des certificats de test.
Un masque plutôt que le travail à domicile
En ce qui concerne les mesures sur le lieu de travail, le bilan n'est pas plus rose: les cantons de Suisse orientale et les gouvernements des cantons d'Argovie, de Berne, de Soleure, du Valais, de Fribourg et du Tessin estiment que l'obligation générale de porter un masque à l'intérieur des locaux est la piste la plus judicieuse. Les Suisses de l'Est sont également favorables à la poursuite de la recommandation du travail à domicile, mais opposés, à l'instar des Bâlois, des Glaronnais ou des Argoviens à une obligation.
En revanche, la Suisse orientale approuve l'extension de l'obligation de porter un masque aux espaces intérieurs, aux manifestations ou aux entreprises et institutions ouvertes au public. Le canton de Glaris, lui, ne considère pas même cette mesure nécessaire, sauf pour les grandes manifestations.
Le canton d'Argovie a déjà pris sa décision: il a étendu l'obligation de porter le masque à l'ensemble de la vie publique ainsi qu'aux écoles à partir de la 5e classe primaire et aux structures d'accueil pour enfants.
Certains cantons prennent de l'avance
L'obligation de consommer assis dans les restaurants et les clubs crée des remous. L'association Gastrosuisse estime que l'existence des établissements sera menacée en cas de nouvelles mesures de restriction des capacités, comme l'a fait savoir son président Casimir Platzer. Et pour le milieu de la nuit? L'application conjointe de l'obligation de porter le masque et de consommer assis équivaudrait de facto à une suppression de la vie nocturne, affirme la commission des bars et des clubs à Blick.
Pour l'USAM, la surcharge de travail n'est pas aiguë
De leur côté, les employeurs s'opposent à toute mesure supplémentaire sur le lieu de travail. L'Union des arts et métiers s'oppose aussi bien à l'obligation de porter le masque pour tous les employés travaillant à l'intérieur qu'à l'extension du certificat Covid.
Pour l'Union suisse des arts et métiers (USAM), qui s'était déjà montrée critique à l'égard des mesures contre le coronavirus, les restrictions déjà mises en place sont suffisantes «tant que le risque de surcharge du système de santé n'est pas trop élevé». Une obligation de travailler à domicile serait donc «disproportionnée». Seule une obligation générale de porter le masque dans les espaces intérieurs pourrait être examinée.
Pour l'organisation faîtière Economiesuisse, les mesures proposées vont également trop loin. Selon elle, les employeurs assument déjà leurs responsabilités et n'ont pas besoin de directives supplémentaires.
Les employés de commerce veulent travailler à domicile
Seule la Société suisse des employés de commerce soutient la réintroduction d'une obligation temporaire de travailler à domicile, comme l'a fait savoir l'association. En outre, la protection de la santé, la disponibilité et la prise en charge des coûts de l'équipement et des consommables pour le travail en home office devraient être clairement réglées.
L'Union syndicale suisse (USS) s'exprime également dans ce sens. Si le home office est prescrit, les coûts dus ainsi que la protection de la santé, notamment dans le domaine de l'ergonomie, devraient être pris en charge par l'employeur.
(Adaptation de Jocelyn Daloz et Lauriane Pipoz)