Les Eglises suisses exhortent les responsables politiques à ouvrir non seulement leur cœur... mais aussi leur porte-monnaie. Ou plutôt celui de la Confédération. Dans une déclaration commune, l'Eglise évangélique réformée de Suisse et la Conférence des évêques suisses ont interpellé les Chambres fédérales. Elles demandent, dans une lettre au Parlement de ne pas réduire le budget consacré à l'aide au développement.
Au printemps, le Conseil fédéral avait décidé de réduire de 1,5 milliard de francs l'aide au développement afin de soutenir la reconstruction de l'Ukraine. En raison de l'état des finances fédérales, le conseiller fédéral, Ignazio Cassis, en charge des affaires étrangères, estime qu'il n'est pas possible d'augmenter ce budget. La semaine prochaine, le Conseil des Etats se prononcera sur la stratégie d'aide au développement.
Les plus pauvres de ce monde touchés
La décision d'Ignazio Cassis déplaît aux Eglises. Dans leur déclaration, elles reconnaissent la complexité de la tâche politique, qui doit jongler avec des intérêts parfois contradictoires. Elles comprennent également les défis liés à l'évolution de la situation sécuritaire en Europe.
Cependant, elles appellent le Parlement à exploiter toutes les options possibles pour éviter une réduction des contributions à la coopération au développement. «Si nous réduisons notre aide, cela toucherait de manière disproportionnée les plus pauvres et les plus vulnérables de ce monde», avertissent-elles.
L'image de la Suisse écornée
Les Eglises ne sont pas les seules à faire pression sur cette thématique. D'anciens et d'actuels responsables de partis bourgeois ainsi que des scientifiques ont également adressé une lettre au Conseil des Etats. Ils demandent, eux aussi, de ne pas faire d'économies sur le dos des plus pauvres: «Cela met en danger la répuation de la Suisse et sa position particulière dans la diplomatie.» Ils ajoutent qu'à moyen terme, cela nuirait à l'économie locale.
Parmi les signataires de la lettre, on retrouve notamment Urs Schwaller (Le Centre), ancien conseiller aux Etats et ancien président du conseil d'administration de la Poste, le libéral-radical Felix Gutzwiller, ancien conseiller national et conseiller aux Etats, Manuel Sager, ancien chef de la Direction du développement et de la coopération (DDC) à la Confédération ou encore Christine Beerli (PLR), ancienne conseillère aux Etats.
Manuel Sager reconnaît la nécessité d'un renforcement du budget militaire, confie-t-il à Blick. Toutefois, il met en garde contre une approche précipitée visant à corriger les erreurs de politique sécuritaire des dernières décennies sur le dos des «plus pauvres de ce monde». «Les problèmes des autres finiront tôt ou tard par devenir les nôtres», avertit-il.