«Disons qu'une prise de sang pour le cholestérol coûte 50 francs, et que le labo qui l'analyse donne 10 francs au médecin qui l'a prescrite. Déjà, elle coûte 10 francs trop cher. Mais c'est aussi voler le système de santé, et c'est illicite!» Philippe Nantermod, conseiller national PLR, est remonté contre le «cashback», comme il l'explique en primeur à Blick au bout du fil.
La pratique, exposée au grand jour par la RTS fin août, est en fait une ristourne peu scrupuleuse entre laboratoires et médecins. À Genève, une officine a déboursé des centaines de milliers de francs, notamment en loyers et en salaires d'assistantes, pour pousser des cabinets médicaux à prescrire des analyses.
L'élu à la Chambre basse dépose ce jeudi 28 septembre un postulat priant le Conseil fédéral d'y mettre un terme. «Il pourra notamment proposer des moyens de surveillance et de répression efficaces, au besoin mis en œuvre par la Confédération», écrit le libéral-radical. N'est-ce pas une forme d'ingérence?
Cantons pas impartiaux?
Le Valaisan le concède: «Oui, mais les cantons ont déjà bien trop de casquettes dans le domaine de la santé. Ils ne peuvent pas être fournisseurs de prestations et surveillants.» Une référence au fait que les cantons, via les hôpitaux publics, sont aussi propriétaires de laboratoires. Les cantons de Genève et Vaud admettaient par ailleurs, lors de l'enquête de la RTS, une rétrocession «dans un contexte bien spécifique».
«Cela pousse les médecins à prescrire la même analyse quatre fois. C’est du détournement inacceptable de l’argent des assurés et encourage le gaspillage dans la santé», estime le vice-président du Parti libéral-radical suisse.
Surveiller les labos
Pour combattre les entreprises pharmaceutiques, laboratoires et médecins peu scrupuleux, il imagine une base légale fédérale pour «lutter contre les tricheurs», similaire au système des inspecteurs pistant les potentiels fraudeurs à l'aide sociale. «Mais là, il ne sert à rien d'envoyer des hommes munis d'appareils photo, comme dans le cadre de la surveillance d'un assuré supposément invalide qui va faire un footing. Sur la base de soupçons, on pourrait contacter le laboratoire et discuter de comment confondre les suspects.»
Contacté à l'origine par un laboratoire ne pratiquant pas ces ristournes et qui s'offusquait de la pratique, Philippe Nantermod imagine, à long terme, un système privé. «Le prix des analyses dépendrait ainsi du volume. Ce qui coûte cher, c'est le matériel, amorti à partir d'un certain stade. Un tarif maximum serait fixé par le Conseil fédéral, et en dessous, les assureurs négocieraient avec les laboratoires.»
La pratique engendre la perfection
Pas de risques pour l'élu que certaines officines pratiquent des analyses vite faites, mal faites, pour réduire leurs coûts et augmenter leurs marges. «Les analyses sont faites par des machines, qui sont partout les mêmes, plus par un laborantin qui prépare sa solution. Le volume crée la quantité. Si vous vous faites opérer du genou, vous choisirez naturellement un hôpital spécialisé. Même pour économiser 10 francs, aucune assurance n'a intérêt à ce qu'une analyse soit mal faite et qu'un problème de santé empire.»