Hans-Peter Portmann n'est pas en bons termes avec Pink Cross. L’organisation faîtière des hommes gays et bisexuels en Suisse est infiltrée par des idéologies de gauche, a déclaré le conseiller national PLR zurichois sur X. Sa colère a été déclenchée par une évaluation de l'amabilité envers la cause queer des membres du Parlement, publiée par Pink Cross avant les élections au Conseil national de l'automne – dans laquelle Hans-Peter Portmann, lui-même homosexuel, n'a pas été jugé sans reproche.
L'association avait évalué le comportement de vote des parlementaires sur des affaires qu'elle considérait comme importantes pour la communauté LGBTQIA+. Hans-Peter Portmann n'aurait pas été exemplaire sur plusieurs points. Il a par exemple voté pour l'interdiction du langage non genré dans les universités. Le libéral-radical n'accepte pas que cela soit interprété comme hostile à la cause queer: «Le genre ne concerne pas les droits des queers, c'est une question de société.»
Hans-Peter Portmann a certes toujours été classé comme favorable aux LGBTQIA+ à 72% – mais il est resté loin derrière les représentants du PS, des Vert-e-s et du PVL, qui ont tous obtenu les meilleures notes.
Les gays de droite mis à l'écart?
La sortie du conseiller PLR date d'il y a une semaine lors de l'assemblée générale de l'association Network, organisation de représentation pour les hommes gays et bisexuels. Network s'adresse avant tout aux cadres, agit depuis près de 30 ans dans l'ombre et a servi à plusieurs reprises de porte d'entrée à la communauté queer dans les milieux économiques et bourgeois.
Lors de l'AG de Network, Hans-Peter Portmann a demandé d'envisager un retrait de l'association gay de Pink Cross. «Pink Cross doit se concentrer sur sa mission de base, à savoir lutter pour l'égalité des droits de notre communauté, a-t-il déclaré. Mais malheureusement, les fonctionnaires ne se considèrent plus seulement comme une organisation gay, mais aussi comme une organisation de défense des droits de l'homme et défendent une politique partisane de gauche sur de nombreux sujets.» L'assemblée générale lui a rapidement emboîté le pas.
Pas de doute: Hans-Peter Portmann, qui s'engage depuis des années pour l'égalité légale des personnes queer en Suisse, s'est senti blessé par l'évaluation de Pink Cross.
Tout comme son collègue de parti, le conseiller national Damien Cottier, qui a également été évalué comme étant à 72% favorable aux queers dans le classement. Sa critique: on a uniquement regardé qui appuyait sur le «bon» bouton lors de certains votes, l'engagement personnel étant occulté. En 2021, Damien Cottier a été brièvement membre du comité directeur de Pink Cross. Lorsqu'il est devenu président du groupe PLR en 2022, il a quitté cette fonction pour des raisons de temps. Il y a quelques semaines, le PLR a déclaré qu'il avait quitté Pink Cross.
Damien Cottier s'inquiète pour la cohésion de la communauté: «Si les personnes à droite ne se sentent plus prises en charge par une association, cela affaiblit la force de frappe de toute la communauté.»
«Un départ serait le pire scénario»
Andreas Künzler partage ces préoccupations. Le président du réseau met en garde: «Nous ne devons pas nous déchirer au sein de la communauté.» Il fait référence à l'AfD en Allemagne ou aux Fratelli d'Italia de la présidente Giorgia Meloni. Les courants populistes en Europe devraient être un avertissement suffisant: «S'ils prennent le dessus, ce n'est qu'une question de temps avant que les droits de la communauté queer ne soient restreints.»
Andreas Künzler doit maintenant clarifier si Network veut continuer à faire partie de Pink Cross. Il ne pense pas qu'il y aura effectivement une rupture. «Un départ serait le pire scénario.» Il veut donc chercher le dialogue afin de trouver une voie commune.
Chez Pink Cross, on prend les attaques avec calme. Le directeur Roman Heggli renvoie à un sondage sur le positionnement politique de l'association de 2023. Environ deux tiers des personnes interrogées seraient en accord avec les prises de position de Pink Cross. Il n'est donc pas vrai que l'organisation ait dévié de son cap. Mais elle est ouverte à toutes les opinions politiques – même celles d'Hans-Peter Portmann.
La critique de la ligne de conduite de Pink Cross n'est pas plus grande aujourd'hui qu'hier, estime Roman Heggli. Après que la revendication d'un mariage pour tous a fortement uni la communauté, il est normal, selon lui, que des discussions soient menées sur les objectifs et les positionnements: «C'est une illusion de croire que nous défendons tous les mêmes positions politiques simplement parce que nous sommes gays.» L'objectif est de recueillir le plus de positions possibles – et c'est ce dont l'association faîtière veut parler avec Network et Hans-Peter Portmann.