En musique et animé par des artistes en échasses, le défilé est parti vers 13h30 du parvis de la cathédrale, d'où il a rejoint la place de l'Europe.
Le jaune, couleur de l'événement, était particulièrement visible au sein du cortège. De même que certaines pancartes, dont plusieurs évoquaient la maladie avec humour en utilisant des mots comme foldingue, barjot ou siphonné. «Cognitivement divergeant mais les bras ouverts !», pouvait-on aussi lire sur un panneau, tandis qu'un autre demandait de «Laissez libre la différence».
«Le but de cette marche est de faire tomber les tabous, de se réapproprier les clichés liés à la maladie mentale», a expliqué Stéphanie Romanens-Pythoud, membre du comité de la Mad Pride et directrice de la Coassp, la faîtière romande d'action en santé psychique. Même si la thématique est sérieuse, «une telle journée vise à l'aborder de manière moins dramatique», a-t-elle dit, interrogée par Keystone-ATS.
Des hospitalisations en hausse chez les jeunes
Alors que les premières Mad Pride suisses consistaient surtout à défiler, l'édition lausannoise a proposé un programme d'animations en marge du cortège. Les places de l'Europe et Centrale ont ainsi accueilli des concerts, spectacles, conférences, ateliers ludiques et autres stands d'information.
«Nous voulons parler à tout le monde», a relevé Stéphanie Romanens-Pythoud. L'objectif consiste à affirmer que toutes les personnes, en dépit de leurs différences, ont leur place dans la société, a-t-elle dit. Si certaines maladies sont aujourd'hui «davantage acceptables» aux yeux de la population, d'autres s'accompagnent toujours «de nombreux tabous», a-t-elle remarqué, citant l'exemple de la schizophrénie.
La responsable a souligné que la Mad Pride vise aussi, plus globalement, à «promouvoir la santé mentale». Mentionnant les hausses des hospitalisations chez les jeunes, mais aussi celles liées aux arrêts de travail, elle a souligné que ces problématiques n'étaient pas qu'une affaire individuelle, mais relevaient «d'une responsabilité collective».
Une idée en 1993 à Toronto au Canada
La Mad Pride a ainsi été l'occasion de faire passer des messages politiques. Et notamment en faveur de l'initiative populaire visant à inscrire «l'égalité effective» des personnes handicapées dans la Constitution fédérale, et dont la récolte de signatures est en cours.
La Mad Pride est née en 1993 à Toronto au Canada, inspirée de la Gay Pride. Elle a débarqué en Suisse en 2019 à Genève, puis à Berne en 2022 (l'édition 2021 avait été annulée à cause du Covid). L'événement veut s'installer durablement dans le pays, à un rythme de tous les deux ans et à chaque fois dans une ville différente. «L'objectif est de voyager et de sensibiliser la population partout en Suisse», a expliqué Stéphanie Romanens-Pythoud.
(ATS)